L'animal lecteur

24 mai 2023

Dany Rousson : "L'été retrouvé"

Dany ROUSSON : "L'été retrouvé"

L'été retrouvé

On est au pays de la garrigue et des cigales, dans le sud du Gard. Il fait chaud, il y a la rivière, c'est l'été : l'adolescence produit ses effets. Ils sont trois : Lazare, Gérald et Elisa. Et pourtant tout ne semble pas idyllique.

C'est 23 ans plus tard que l'histoire commence. Des lettres anonymes déterrent le passé. Quel est le drame qui resurgit alors ?

A travers des personnages bien campés, parfois un peu caricaturaux, le récit nous entraine dans le quotidien de ces villages, entre jardinage, pastis, baignades à la rivière et amitiés brisées, voire amours déçues.

L'auteure prend plaisir aux descriptions, le paysage, les habitations, les gens. On a parfois tendance à oublier le fond, ce qui s'est passé il y a 23 ans et qui marque encore les esprits des deux garçons.

De nouvelles idylles naissent, des amitiés se tissent, et peu à peu des vérités se dévoilent.

Un roman d'été, plein d'ambiances, une lecture tranquille, un peu molle même, comme prise d'une torpeur. Qui cherche du suspens passera son chemin. C'est du feel-good, mais ça fait du bien. 

 

 

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10 mai 2023

Emile Zola : "Une page d'amour"

Emile ZOLA : "Une page d'amour"

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8ème épisode de la série, "Une page d'amour" met en scène Hélène Mouret, veuve Granjean, fille d'Ursule Macquart. Nous sommes ici, à Paris, plus précisément à Passy. Hélène partage son petit appartement avec sa fille Jeanne. 

Aidée de deux amis qu'elle invite régulièrement à diner, l'Abbé Jouve et M. Rambaud, elle remonte la pente de son soudain veuvage. Peu à peu elle se lie d'amitié avec la famille qui vit en bas de chez elle. Le Dr Henri Deberle et son épouse Juliette.

La jeune Jeanne est d'une santé fragile et les services du Dr Deberle s'imposent de plus en plus souvent. Une affection particulière va croitre entre Hélène et Henri. Une attirance. De l'amour en fin de compte.

Roman de l'amour et de la jalousie maladive, "Une page d'amour" est une œuvre pleine de fatalisme. Du désir vont naître les remords.

Décrivant avec son pointillisme précis les mœurs d'une société bourgeoise, l'auteur passe en revue la mécanique intérieure mise en branle par l'amour. Mais jamais rien n'est tout beau, et les conséquences sur la vie de Jeanne seront terribles. L'enfant fragile, celle qu'on croyait n'être qu'un accessoire de la vie des adultes devient la pierre angulaire de tout l'édifice.

Le roman est un long drame que rien ne peut infléchir, un long drame dont Paris, vu des hauteurs de Passy est le témoin immobile et immuable.

 

 

 

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17 avril 2023

Lola Lafon : "Quand tu écouteras cette chanson"

Lola LAFON : "Quand tu écouteras cette chanson"

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Le nom de la collection est "Ma nuit au musée" et on comprend tout de suite de quoi il s'agit. S'inscrivant dans cette collection, Lola Lafon choisit de passer une nuit dans la maison d'Anne Frank à Amsterdam. Dans la maison, que dis-je ? Dans les trois pièces de l'Annexe où, avec sa famille et 4 autres personnes, elle passa 2 années, cachée, terrée, confinée. Mais pour Lola Lafon c'est l’endroit où elle a rédigé son journal. LE journal d'Anne Frank.

Rappelant le contexte qui présida à l'écriture du célèbre journal, l'autrice se livre à une bouleversante introspection, à la fois personnelle et familiale.

Au-delà de la (courte) vie d'Anne Frank, c'est la qualité littéraire de la jeune fille qu'elle cherche. Les pages du journal révèlent outre une adolescente en construction, une jeune fille mûre et perspicace, consciente de la vie qu'elle mène.

Les lieux gardent l'empreinte. Et la chambre d'Anne ne fait pas exception. Bien plus qu'une simple chambre vide avec des photos jaunies collées au mur, cette chambre recèle quelque chose d'universel qui va profondément toucher l'autrice.

Lire ce petit opus permet de se remémorer Anne Frank et d'en (re)découvrir certaines facettes , de faire le lien avec toutes les vies d'exilés, de pourchassés, de bannis, et de développer le thème de l'adolescence vécue dans les sociétés dictatoriales.

A lire en une nuit ou bien à savourer tranquillement.

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12 avril 2023

Joyce Carol Oates : "La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles."

Joyce Carol OATES : "La nuit. Le sommeil. La mort. Les étoiles."

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Que c'est bon de retrouver Joyce Carol Oates ! Et comme il y en a pour 924 pages, c'est bon et c'est long. Mais jamais on ne s'ennuie.

En décrivant les effets de la mort soudaine de Whitey père de cette famille blanche aisée du nord de l'Etat de New-York sur les membres de la famille, l'autrice non seulement creuse le sillon intime de notre relation à la mort d'un être cher, mais scrute avec une acuité lucide une société sclérosée dans ces certitudes protectrices.

On suit le parcours de Jessalyn, l'épouse et ses cinq enfants (adultes). La mort de Whitey va faire basculer tous les solides appuis qui maintenaient cette famille en place. Chacun à sa façon va connaître le boulversement. Chacun dans ce naufrage va se raccrocher à ce qu'il peut, chercher sa bouée.

Et Jessalyn qui passera de l'état d'épouse à celle de veuve en sera l'exemple. Magistral de description, d'analyse et de pertinence dans la transcription évocatrice. Ce n'est jamais superficiel, jamais évident.

Avec brio, l'autrice joue avec les préjugés et les contradictions de chacun. Et si la chute de cette pierre angulaire, n'était finalement qu'un acte de destruction libérateur ?

Une super lecture.

 

 

 

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08 mars 2023

Tatiana de Rosnay : "Nous irons mieux demain"

Tatiana de ROSNAY : "Nous irons mieux demain"

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"Nous irons mieux demain" serait la dernière phrase prononcée par Emile Zola avant de décéder asphyxié au gaz pendant la nuit. Cette foi en une rédemption certaine irrigue tout le roman.

Tout d'abord Dominique, l'accidentée, la patiente, l'amie, l'envahissante indispensable. On craint l'emprise, on la voit venir. Avec une force incroyable elle affronte les accidents de la vie. Elle y croit toujours.

Puis Candice, la jeune, la désespérée, la perdue, la submergée. Celle qui va tendre la main et par là-même va se sauver elle-même.

Et puis Emile Zola, ses amours, entre Alexandrine et Jeanne et ses enfants. Et surtout son œuvre.

Mais qui lit encore Zola de nos jours ?

Tatiana de Rosnay nous offre un roman qui au détour de ces vies, va nous révéler peu à peu des secrets, des choses tues, des découvertes. Une amitié sincère va naître et croître sur un fil pourtant fragile. Le récit nous dévoile peu à peu l'intime, le profond.

Tout en douceur par le ton employé, on tourne (parfois quand même un peu en boucle) dans les névroses des personnages. Ça laisse parfois sur sa faim.

Heureusement il y a Zola qui vient enrichir le propos. On le (re)découvre, et ça fait du bien. Vous reprendrez-bien un peu de Rougon ?

 

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28 février 2023

Alice Munro : "Secrets de polichinelle"

Alice MUNRO : "Secrets de polichinelle"

Munro

Huit nouvelles pour huit femmes du côté de Carstairs dans l'Alberta canadien, à des époques différentes. Hormis le lieu et parfois un membre de certaines familles qui transcendent le découpage du recueil, ce qui unit ces femmes ce sont les secrets. Ces secrets qui façonnent la personnalité, la vie, l’inconscient parfois. 

Avec un pouvoir évocateur manifeste et une faculté certaine à raconter des histoires, l'autrice nous présente des destins, des vies ou des fragments de vie. Des lettres d'amour échangées, une femme égarée dans une randonnée en Albanie, une qui suit son amour en Australie, d'étranges phénomènes extraterrestres, un acte de vandalisme qui cache un passé lourd ... Le lecteur est transporté par le talent de l'autrice à raconter les vies intérieures.

La difficulté c'est de ne pas rester sur sa faim. L'exercice littéraire est parfaitement maîtrisé, mais j'ai souvent perdu le sens général et eu le sentiment à la lecture qu'il s'agissait d'histoires sans fin (hormis "Hôtel Jack Randa"), de fragments disposés et qu'il fallait reconstituer. Tout semble être posé là et pourtant.

C'est certainement le découpage en nouvelles qui m'a perturbé. J'essaierai un roman ( peut-être "du côté de Castle Rock) pour mieux appréhender Alice Munro, dont, à bien des égards, je sens la filiation intellectuelle avec Joyce Carol Oates.

 

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08 février 2023

Eric-Emmanuel Schmitt : "Concerto à la mémoire d'un ange"

Eric-Emmanuel SCHMITT : "Concerto à la mémoire d'un ange"

Concerto

La rédemption, ou l'action de ramener quelqu'un au bien, est l'axe principal qui unit les quatre nouvelles de ce recueil.

Chacun des personnages trouve une occasion de se racheter, de racheter une conduite passée, désormais cachée, tue, enfouie dans la conscience.

Avec l'empoisonneuse, c'est la possibilité d'enfin payer pour les crimes passés.

Avec le retour, comment l'annonce de la mort d'une de ses filles va permettre à un marin de revisiter sa vie et cette introspection va radicalement le changer.

Avec le concerto, on touche au sublime. Deux amis musiciens aux caractères opposés vont connaître un destin tragique façon Caïn et Abel.

Avec la femme de l'Elysée, la femme du président cherche à se venger de son mari manipulateur.

Avec Sainte-Rita en toile de fond, chacun va voir sa carapace se fissurer. La lumière va poindre dans les interstices laissées par la fissure, et le changement va se produire. Sans révéler les issues, on entre, par ces contes philosophiques, dans le profond de l'âme humaine, dans sa noirceur. 

Très bien écrits, ces textes tout à fait abordables, procurent un très bon moment de lecture.

Posté par fran6h à 09:54 - - Commentaires [0] - Permalien [#]