Mo Yan : "Le veau"
Mo YAN "Le veau" suivi de "Le coureur de fond"
Publié en 1998, mais seulement en 2012 pour la traduction française, voici un recueil de 2 nouvelles qui se situent dans la Chine agricole des années 1968. Toutes les deux sont excellentes et le regard de l'auteur (et du narrateur) sur la vie dans son pays à l'ère du communisme triomphant est remarquable et plein d'humour et de tendresse.
"Le veau" nous emmène dans ce village agricole où trois veaux vont se faire châtrer et où le jeune narrateur espère pouvoir manger une portion de testicules frits préparés par sa tante. Mais on lui confie la garde des veaux, pendant que les adultes partent partager les agapes. Le jeune homme va alors se poser des questions et entrer en communication avec les veaux ... et si les veaux révélaient leur côté humain alors que les hommes révèlent leur bestialité ?
Un conte à la fois cruel et drôle écrit dans une langue truculente (merci à la qualité de la traduction) qui cache entre les mots un regard à la fois acéré et caustique. Un réel moment de plaisir.
"Le coureur de fond" raconte (toujours à travers le regard d'un adolescent) l'histoire de l'instituteur du village qui va être amené à participer à une épreuve sportive organisée par le village. L'auteur dresse ici un autre portrait de la vie rurale à cette époque (1968 -1970) et met en scène les droitiers (en cours de redressement en camp de travail) dont l'influence sur le développement des campagnes ne sera pas négligeable.
Ce conte, plus court, est moins abouti que le précédant, mais ne manque pas d'humour non plus, notamment à travers les portraits qu'il dresse.
Mo Yan, un auteur à suivre et à recommander.