Claire Keegan : "Les trois lumières"

Claire KEEGAN : "Les trois lumières"

Beaucoup de bonnes critiques sur le site de Babelio m'ont incité à lire ce roman d'une petite centaine de page. Et bien, je n'ai pas été déçu, ce livre est magnifique de sensibilité, un régal de lecture.

A travers la voix d'une fillette, Claire Keegan nous livre un univers de douceur et d'amour, dans cette campagne irlandaise faite d'humilité et de labeur. Cette fillette, que ses parents vont confier pour la durée de l'été à la famille Kinsella afin de soulager la mère, déjà mère de famille nombreuse et de nouveau enceinte, nous fait vivre des moments simples et authentiques. Dans cette campagne irlandaise, les liens vont se tisser, la petite va s'épanouir auprès de ce couple attentionné, dans cette ambiance à la fois sereine et désolée.

Mieux qu'un roman de passage, c'est un roman d'éducation. Ecrit dans un style remarquable il nous délivre, par petites touches, toutes ces découvertes, tous ces petits faits, ces petits riens qui permettent à la personnalité de se forger, de se fonder et d'éclairer par la suite toute une vie.

Un véritable coup de coeur, à apprécier paisiblement et à mettre entre toutes les mains.

(Campagne irlandaise dans le Wexford)

Comments

[animal lecteur]

Merci Rotko pour ce commentaire très intéressant et qui éclaire bien cette lecture.

[rotko]

Les personnages ne se livrent pas, du moins par les mots et derrière des propos insignifiants, on se familiarise avec « cette manière qu’ont les hommes de ne pas parler ». Le silence devient une valeur essentielle, surtout dans cette famille.

Des drames, vécus intensément, présents sans cesse à l’esprit, sont tels qu’on les devinera à demi-mots, à des comportements, ou par les interrogations curieuses de voisins. Quant aux sentiments ..

« Nous ne parlons ni l’une ni l’autre, comme les gens se taisent parfois quand ils sont heureux »

« Kinsella dit quelques petites choses insignifiantes puis s’enveloppe dans le silence qui est habituel chez lui, et le temps passe sans donner l’impression de passer ».



L’auteur en fait un art d’écrire : la fillette ne sait pas toujours exprimer ce qu’elle sent ou pense. « Une partie d’elle » voudrait dire, et l’autre se tait.

Le récit est minutieux et attentif comme des yeux d’enfant, celle-ci va petit à petit s’initier à un regard plus éveillé et perspicace, comprendre ses hôtes, juger aussi ses propres parents ; apprendre que tout n’est pas à dire, y compris à son sujet, ce que dans la fin du récit elle exprime par un élan.

http://bit.ly/18MGVaO