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3 janvier 2014

Jean Giono : "Les âmes fortes"

Jean GIONO : "Les âmes fortes"

 

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Giono c'est une atmosphère. Bien sûr on pense à la Provence, mais là, même si on y est en provence (côté montagne de la Drôme) elle ne joue pas un grand rôle dans cette histoire. Ici c'est le tréfonds de l'humanité qui prime, cette âme si difficile  à déceler. Et Thérèse, cette Thérèse partie de rien, sans instruction mais avec un grand dessein, et avec comme seule arme son âme forte. Magnifique.

Quel roman !

D'abord la forme ;  ici on veille un mort, et pendant la veillée funèbre les femmes causent près du feu, avec quelques provisions et du café. Les histoires du village vont défiler, de façon certes décousues, avec de multiples retours et contestations, mais on comprend bien qu'il s'agît de la même histoire, dans ce village, dans cette auberge où s'arrêtent les pataches, où les voyageurs font haltes. Mais chacune a sa version, et Thérèse, vieille maintenant, raconte t-elle son rêve ou bien sa vie ? Cette unité de temps de la narration (une nuit) rend compte d'une bonne cinquantaine d'année à travers des voix multiples et souvent contradictoires. Sans découpage, l'enchainement des évènements et des personnages est parfois difficile à suivre, mais le récit est très rythmé.

Et puis le fond ; toutes les bassesses, toutes les jalousies, toutes les rancoeurs, les hypocrisies, un univers impitoyable et cruel où les sentiments sont bridés pour pouvoir agir froidement. Sauver coute que coute les apparences constitue également un leitmotiv. Mais on y trouve aussi l'amour, l'amour véritable, le dénuement, la passion dévoreuse, la folie.

Giono nous dresse là un tableau de la société dans ces vallées alpines à la fin du XIXème siècle. Une société en mutation, où l'on construit le chemin de fer, où l'on fait appel à la main d'oeuvre piémontaise, où s'installe durablement des chantiers colossaux, et où les affaires et l'argent peuvent être rapidement gagnés pour qui sait s'y prendre.

 

"Thérèse était une âme forte. Elle ne tirait pas sa force de la vertu : la raison ne lui servait de rien ; elle ne savait même pas ce que c’était ; clairvoyante, elle l’était, mais pour le rêve ; pas pour la réalité. Ce qui faisait la force de son âme, c’est qu’elle avait, une fois pour toutes, trouvé une marche à suivre. Séduite par une passion, elle avait fait des plans si larges qu’ils occupaient tout l’espace de la réalité ; elle pouvait se tenir dans ces plans quelle que soit la passion commandante ; et même sans passion du tout. La vérité ne comptait pas. Rien ne comptait que d’être la plus forte et de jouir de la libre pratique de la souveraineté. Être terre à terre était pour elle une aventure plus riche que l’aventure céleste pour d’autres. Elle se satisfaisait d’illusions comme un héros. Il n’y avait pas de défaite possible. C’est pourquoi elle avait le teint clair, les traits reposés, la chair glaciale mais joyeuse, le sommeil profond."


 

 

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