Annie Ernaux : "La honte"
Annie ERNAUX : "La honte"
La honte, d'après wikipédia, se définit comme suit : "La honte est une émotion complexe. Elle se distingue des autres émotions par sa dimension sociale, secrète, narcissique, corporelle et spirituelle. La honte a des aspects positifs et négatifs. Elle est parfois définie comme la version sociale de culpabilité, et joue un rôle dans la phobie sociale."
Ce court texte d'Annie Ernaux revient sur une année particulière de son enfance: l'année 1952. C'est un jour de juin de cette année là que son père a frappé sa mère pour la faire mourir. Et l'auteure d'entourer ce fait majeur par toutes les circonstances factuelles de l'époque, où Annie, âgée de 12 ans sent "la honte" peu à peu la pénétrer, se diffuser en elle. Annie confrontée à deux mondes étanches : sa classe sociale, la famille, le petit commerce des parents, l'absence de culture et sa classe scolaire, élève brillante, assoiffée de culture et fréquentant les filles de l'autre monde.
Comme dans "La place" on retrouve ici cette ambiance provinciale des années '50 dans cette Normandie rurale. Le thème de l'ascension sociale y trouve une bonne place, ce désir de sortir de son milieu, de vaincre la honte.
D'une écriture plate et ne véhiculant pas l'émotion, on retrouve là tout le talent d'Annie Ernaux qui se livre à un travail de mémoire, à une réflexion sur le mécanisme de la mémoire qui fait resurgir à partir d'un fait marquant, tous les instants, toutes les sensations, toutes les émotions du moment. Quelque chose de "proustien" finalement.