Vanessa BAMBERGER : "Alto Braco"
Est-on attaché à une terre par filiation ? Par nature en quelque sorte. Ou bien est-ce la culture, la transmission, l'imprégnation par le climat, le paysage et les gens qui crééent le lien, l'attachement en dépit du déracinement ?
L'Aubrac est une terre rude, un plateau à la fois riche et austère mais qui ne permet pas de nourrir tous ses enfants. Alors, ils montent à Paris, travaillent dans des cafés avant de devenir un jour patron eux-mêmes, limonadiers, cafetiers, restaurateurs ... Puis s'en reviennent se faire enterrer sur la terre de leurs ancêtres, là-bas, sur l'Aubrac.
Ainsi à vécu Brune entourée de ses deux grand-mères, dont l'une est sa grand tante. Les deux soeurs Rigal, Douce et Annie, propriétaires d'un café à Paris, mais toujours auvergnates, aveyronnaises, de Lacalm précisément. Une histoire de femmes. De femmes fortes.
C'est à l'occasion du décès de Douce que Brune revient sur l'Aubrac qu'elle avait connu enfant pendant les vacances. On est à l'automne, les paysages sont fabuleux, sorte de steppe aux couleurs douces qui embrasse les formes arrondies du relief. La terre ! Le pays !
Avec la disparition de Douce ce sont aussi les secrets biens gardés qui disparaissent. Les langues se délient et peu à peu Brune découvre son histoire, sa généalogie, son patrimoine familial.
Vanessa Bamberger nous fait découvrir l'Aubrac, c'est charnel, c'est profond, c'est terrien. Elle nous dévoile aussi une histoire familiale, un contexte social enraciné dans le pays et peuplé de femmes et d'hommes au caractère forgé dans le granit. Un peuple qui sait ce qu'il doit aux vaches qui mettent si bien en valeur le plateau.
Un très bon roman, pas du tout porté sur un faux naturalisme nostalgique, mais bien ancré dans le monde actuel avec ses problématiques et ses questionnements. Un roman qui donne envie de chausser de bonnes chaussures et d'aller traverser ce plateau, lentement, au rythme de l'homme et de la nature.