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22 mars 2017

Joyce Carol Oates : "Blonde"

Joyce Carol OATES : "Blonde"

blonde

Au delà de la longueur (plus de 1100 pages) on est là dans le grand roman américain, dans même la veine que Lolita ou que Le choix de Sophie.

Ici on entre dans l'intimité de Norma Jeane Baker, née Mortenson, la femme la plus photographiée du monde, l'icône planétaire, l'actrice qui ne savait pas jouer, la chanteuse qui ne savait pas chanter, la poupée qui entre un jour dans le corps de Marilyn, un corps trop grand pour elle, un corps trop beau, trop désirable, trop sublimé ...

Joyce Carol Oates ne nous livre pas une biographie, c'est bel et bien une oeuvre de fiction, une vie comme un roman. Mais ce roman emprunte aux faits réels, beaucoup, passionnément, à la folie, et nous entraîne dans un tourbillon, de Los Angeles à New-York, de Norma petite fille timide prise dans la folie de sa mère, à Marilyn ivre susurrant un "happy birtday mister president" quelques jours avant de succomber.

C'est sublime, c'est grandiose. C'est toute une époque qui est disséquée, auscultée, passée à travers la focale de l'imaginaire d'un esprit chaotique, psychotropé, halluciné parfois. On traverse cette époque en prenant comme jalons quelques films célèbres, des personnages forts, des rencontres marquantes, des mariages désastreux.

La lecture est exigeante, c'est long, c'est touffu, ç'est rempli de digressions. C'est cru, c'est cruel. S'attaquer à cette lecture demande une disposition d'esprit prête à accueillir toute la tristesse d'un destin torturé à la fois lumineux et spirituellement indigent et à se laisser porter. Comme Marilyn a emporté Norma ...

Poo poo pee doo ...

 

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1 février 2017

Herman Raucher : "Un été 42"

Herman RAUCHER : "Un été 42"

Un été 42

Quel beau roman ! Tout en finesse et en humour. C'est un régal.

Pendant l'été 1942, alors que les hommes sont partis combattre les japonais après l'attaque de Pearl Harbour, restent, sur les lieux de villégiatures, que les femmes et les enfants. Parmi ces derniers, il y a les adolescents de quinze ans et leur poussées de libido. Entre désir de sexe et d'amour, on veut découvrir le corps des filles, leur mystère, le plaisir charnel, la volupté partagée.

Mais en 1942, on n'a pas accès aux films pornos, et l'éducation passe alors par les photos des magasines et les manuels d'anatomie.

Bien sûr il y a les filles du même âge, mais pour Hermie il y a la femme de la maison sur la plage. La beauté incarnée, la sublissime, l'objet du désir, la passion jusqu'à l'obsession.

La femme de la maison de la plage dont le mari est sur le front.

Avec beaucoup d'humour et de tendresse, l'auteur nous dépeint cet épisode particulier de cet été là. L'été des quinze ans. L'été où l'on cherche à perdre son pucelage, entre candeur et naïveté, et où par un concours de circonstances on rencontre l'amour. Le vrai. 

Un coup de coeur. A lire absolument. A lire en écoutant la fabuleuse musique de Michel Legrand qui illustre le film tiré du roman.

Ecouter une version de Bill Evans

 

été

(l'affiche du film de 1971)

 

 

 

13 janvier 2017

Jim Fergus : "La vengeance des mères"

Jim FERGUS : "La vengeance des mères"

 

La-vengeance-des-meres_5482

Et nous revoilà plonger dans l'Ouest, où nous avions laissé les "mille femmes blanches".

Du point de vue éditorial les deux romans ont une bonne quinzaine d'année de décalage, aussi, qui l'aurait lu à l'époque aurait besoin d'un rafraîchissement avant la lecture du deuxième tome. Toutefois il est à tout à fait possible de considérer ce volume indépendamment du premier.

La forme est identique, il s'agit de carnets, mais ici les auteures sont plurielles. Les récits se croisent, les points de vue alternent, les mêmes faits s'éclairent différemment. Et quels faits ! Cette petite troupe de femmes, un reliquat oublié du programme avorté d'échange de femmes blanches contre des chevaux, va intégrer la tribu Cheyenne au pire moment de son existence. Autant avec May Dodd on a pu s'imprégner de la vie communautaire de la tribu, autant ici il s'agit plus de survivre, de fuir une menace omniprésente, d'angoisses. Et pourtant l'espoir irrigue tout le roman.

L'espoir qui s'incarne par l'arrivée de ces femmes prêtes à donner des enfants aux hommes de la tribu. L'espoir qui s'incarne par la vengeance terrible que subira l'armée américaine, comme un ouragan qui s'abattra sur elle sous la forme d'une horde de femmes préparées au combat, déterminées, invincibles, portées par l'esprit de leurs bébés assassinés. L'espoir que le bien de la vie ancestrale ne peut que vaincre le mal incarné par l'esprit de conquête et de massacres des blancs.

On l'aura donc compris, c'est moins bucolique et plus guerrier, plus brutal. On aborde là des sentiments primaires : la survie, la vengeance, la haine.

C'est vif, c'est fort, et on tremble. Mais on est heureux aussi, on partage des bons moments ensemble, des moments de partage, d'échanges, comme autour des danses le soir près du feu.

Une lecture tout aussi captivante que le premier tome.

 

 

 

 

 

 

 

 

30 septembre 2016

Jim Fergus : "Mille femmes blanches"

Jim FERGUS : "Mille femmes blanches"

mille femmes

Toujours plus à l'Ouest, dans la grande prairie, vers les collines noires qui regorgent de richesses naturelles, les américains "caucasiens" arrivés d'Europe aimeraient bien pouvoir s'y installer en paix. Mais voilà, ces terres sont celles de tribus indiennes et la guerre sur la "frontière" fait rage depuis de nombreuses années. Quand on dit "indien" on ne parle pas d'un Peuple unique et solidaire. Il s'agit d'une multitude de groupes, parfois unis par une langue commune, mais souvent rivaux, voire ennemis, qui cohabitent sur ce grand territoire. Parmi ces tribus, il y a les Cheyennes.

Chez ce Peuple, ce sont les femmes qui transmettent l'origine, l'identité en quelque sorte. Pour pacifier la région et permettre au Peuple de perdurer, d'avoir un avenir dans la paix, le chef Little Wolf propose un marché au grand-père blanc, le président Grant. En échange de chevaux de bonne qualité, le grand-père blanc offrira au Peuple mille femmes blanches qui viendront épouser les hommes de la tribu et donner des progénitures qui inscriront l'histoire des deux peuples dans un avenir commun.

Grant accepte, et organise le marché.

C'est comme ça que May Dodd, de Chicago, se retrouve dans cette aventure au printemps 1875.

Elle rédigera des carnets, sorte de journal qui retrace les faits et réflexions. La lecture de ces carnets nous plonge dans un univers hors du commun, les conditions de voyage, les haltes dans les forts de l'armée sur la "frontière", l'arrivée au campement indien, la découverte d'une nouvelle culture, d'un mode de vie, de croyances ... Un choc culturel. Et dans les deux sens. Car les femmes, arrivées en groupe dans le village, vont aussi influencer la vie du groupe. La greffe demande des efforts de chaque côte, mais elle prend. Jusqu'à quand ?

Car une pacification par les générations futures s'inscrit dans le temps long. Les blancs auront-ils la patience de laisser passer les générations ?

A travers ce roman majestueux, Jim Fergus nous plonge dans l'Amérique du XIXè siècle, cette Amérique conquérante, porteuse de valeurs universelles et d'une religion qu'elle cherche à imposer partout comme un gage d'une paix éternelle. Les "indiens" qui ne veulent pas se soumettre doivent vivre dans des réserves ou mourir par les armes. Le sauvage n'est pas compatible avec l'idéal de la civilisation porté par l'homme blanc.

A la fois roman d'aventure, western, roman d'émancipation féminine et de relations interculturelles, il nous questionne sur le fondement des sociétés dites "occidentales" face à l'altérité et sur la violence dans la mise en oeuvre d'un projet politique qui vise à unifier la société. Excellent, poignant, drôle et grave, cette lecture ne laisse pas indifférent.

Il est temps maintenant de lire "La vengeance des mères" qui est présenté comme la suite de cette aventure incroyable.

 

11 juillet 2016

Joyce Carol Oates : "Carthage"

Joyce Carol OATES : "Carthage"

carthage

On a connu "Anatomy of a murder" ("Autopsie d'un meurtre" en français), et bien ici c'est un peu l'anatomie d'un chaos familial. Magistralement mené par la plume de Joyce Carol Oates, fidèle aux symboles, aux ambiances sombres, aux personnages torturés, à la dramaturgie familiale et à la réflexion sur la société, à travers la guerre, la prison, les couloirs de la mort.

La jeune Cressida Mayfield de Carthage a disparu. La dernière fois qu'on l'a vue elle était dans un bar avec Brett le fiancé de sa soeur, ce jeune homme revenu traumatisé de la guerre en Irak. Et puis plus rien. Disparue. La voiture de Brett enfoncée dans un chemin forestier, des souvenirs pas très clairs, un pull retrouvé en aval de la rivière ... Le sort de Brett semble scellé.

La jeune Cressida Mayfield n'est pas belle, c'est même la moche, intelligente certes mais moche, comparée à sa soeur Juliet. Physique ingrat, introvertie, sombre, mélancolique.

"Carthage" nous emmène en profondeur dans le chaos familial qui va suivre la disparition de Cressida. Dans cet enchaînement de faits qui brise le fragile équilibre d'une vie familiale harmonieuse.

Par delà le bien et le mal, le lecteur est en permanence balloté, entre vengeance et pardon. La vengeance irrigue tout le texte. Brett cherche t-il à se venger en exorcisant ses souvenirs de guerre, et la rupture de ses fiançailles ? Cressida cherche t-elle à se venger d'être la mal aimée de la famille ? Les parents cherchent-ils à se venger de l'assassin de leur fille ? La société cherche-t-elle à se venger d'un assassin en le punissant ? Les Etats-Unis cherchent-ils à se venger des ennemis du Bien en intervenant militairement en Afghanistan et en Irak au lendemain du 11 septembre ?

Le pardon est-il possible ? Ou n'est-il pas uniquement de nature divine et donc inaccessible aux hommes ?

Encore une fois (après "Mudwoman" et "Maudits") la lecture de Joyce Carol Oates m'a complétement emporté. Superbe !

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14 mars 2016

Laird Hunt : "Neverhome"

Laird HUNT : "Neverhome"

hunt

Avec Neverhome nous voilà plongé dans le corps, l'esprit et le coeur de Constance Thompson, fermière dans l'Indiana, épouse de Bartholomew, et qui s'engage dans l'armée de l'Union à la place de son époux. Elle devient Ash, qu'on surnommera Gallant Ash. Un combattant parmi d'autres, bon tireur, malin, pris comme les autres dans les peurs et les doutes de ce conflit sans pitié contre les troupes confédérés.

Récit passionnant d'une aventure humaine, à la fois western, témoignage de guerre, décortiquant les rapports entre les hommes dans ces temps troubles, et alliant des conversations avec les esprits ... il laisse le lecteur haletant. Le souffle du canon qui emporte tout, les cris des blessés, les amputations en série et à la va-vite, l'enfermenent des aliénés et la place des femmes, sont des tableaux qui s'entrecroisent dans cet enfer. A travers ces quelques mois, deux années au total, Constance est mue par une force qui la dépasse. Comme l'esprit de sa mère qui la visite, qui lui parle. Comme une force du passé qui revient.

Que cherche t-elle vraiment dans cette aventure, elle qui doit chaque jour non seulement lutter contre l'ennemi, mais également ne pas dévoiler sa véritable identité ?

Et comment sortir d'un tel désastre sans blessures ? Des blessures profondes à l'âme. Des blessures qui auront à coup sûr transformé Constance. Comment après toutes ces épreuves envisager le retour à la ferme, après de celui qu'elle aime ?

Un vrai coup de coeur pour ce roman si terrible et si beau à la fois.

 

12 février 2016

Mary Relindes Ellis "Bohemian flats"

Mary Relindes ELLIS : "Bohemian Flats"

bohemian flats

Mary Relindes Ellis aime le Wisconsin, aime cette terre profonde, ce creuset de l'Amérique, ce territoire hostile, anti eldorado, qui s'est construit par une subtile alchimie d'hommes rudes, durs au mal, venus exploiter les forêts et les terres au début du XXème siècle. Ces hommes sont des "natifs" indiens Chippewa, des français installés là depuis longtemps et des fermiers allemands ou suédois fraîchement débarqués.

Si ce roman a en partie pour cadre le Wisconsin, l'élément fédérateur de tout le récit sont les "Flats" de Minneapolis (Minnesota). Les Flats c'est un quartier fait de baraques et qui abrite tous les migrants d'Europe centrale et septentrionale que la société américaine accueille pour travailler dans les usines. Se forme là une micro société hétéroclite, faite de langues, de coutumes, de croyances diverses, un agrégat de destins individuels, tolérant et solidaire, venus chercher le rêve américain. Mais c'est aussi un territoire de parias de la société, de bohémiens, pas encore égaux aux autres américains.

Ici c'est de l'émigration allemande dont il est question, à travers les enfants des familles Richter et Kaufmann d'Augsbourg près de Munich que l'on suit sur presque cent ans. Et notamment Raimund qui va quitter sa terre natale pour, le premier, venir s'installer dans les Flats. C'est au moment où l'Allemagne se construit, par son unification, au moment où elle rêve de grandeur par son développement culturel et social, au moment où l'on voit poindre les ambitions belliqueuses tant en interne (opposition des catholiques et des socialistes) qu'à l'extérieur, qu'Albert (le frère de Raimund) et sa femme Magdalena, comme nombre d'allemands, vont chercher à construire leur vie de l'autre côté de l'océan, répondant aux appels de cette nouvelle nation qui offre des terres à qui voudra bien les cultiver.

Et nous sommes là à quelques années d'une guerre qui sera d'abord européenne avant de devenir mondiale. En prêtant serment à la bannière étoilée pour combattre, les jeunes allemands espèrent rompre enfin l'espace qui les sépare d'une réelle citoyenneté américaine. C'est le combat entre le passé, les racines et le futur, l'avenir qui s'incarne ici à travers les destins singuliers de cette famille.

Mary Relindes Ellis aime aller en profondeur, le roman est parfaitement documenté, les personnages s'inscrivent avec force dans la société dans laquelle ils vivent, mais l'écriture manque parfois de la puissance évocatrice que l'on avait tant aimé dans son premier roman.

 

25 janvier 2016

Chreyl Strayed "Wild"

Cheryl STRAYED "Wild"

 

Wild2

Traverser les Etats-Unis du sud au nord, à pied, seule,  le long du Pacific Crest Trail (PCT), voilà le défi que se fixe Cheryl à un moment où sa vie a perdu ses peu de repères et oscille entre drogue et sexe. Cheryl sent qu'elle a besoin de se trouver, elle cherche quelque chose mais ne sait pas vraiment quoi. Cheryl qui tombe un peu par hasard sur le guide de la randonnée du PCT. Cheryl, à la vie décousue, avec aucun antécédent sportif, décide de relever ce défi.

Et quel défi !

Le chemin sera long, le physique en prendra un coup, le mental aussi. Les pieds souffrent, le dos est en compote, les jambes n'en peuvent plus. Mais c'est l'âme qui se réveille peu à peu. C'est Cheryl qui se révèle à elle-même pendant ces trois mois de marche sur les crêtes, tantôt écrasées de soleil, tantôt enneigées.

Et la nature omniprésente. Mais ce chemin de reconquête personnelle sera aussi celui des rencontres, des amitiés cimentées à tout jamais par l'aventure extraordinaire de cette traversée au long cours.

Au bout du chemin c'est une autre vie qui commence ... une renaissance.

Écrit à partir du journal de bord qu'elle a tenu pendant sa randonnée, ce récit est captivant. On pourrait croire qu'il ne se passe rien, puisque marcher c'est juste mettre un pied devant l'autre et recommencer, mais l'auteure nous transporte avec elle, dans son sac monstrueux, dans son corps, dans son esprit. Dans ses joies et dans ses doutes. On vit l'aventure, on prend le grand air, on entend les animaux sauvages, on sent le vent frais qui cingle nos joues et on s'interroge nous aussi.

Bien sûr, il y a eu des tas de récits de marches, notamment par des randonneurs de Compostelle (je garde un souvenir ému de Paolo Coelho), mais là on est ailleurs. D'un point de vue géographique certes, mais aussi parce que ce n'est pas à proprement parler le spirituel qui guide les pas.

Un grand moment.

Reese Witherspoon in WILD

 

 

 

 

21 décembre 2015

John Irving : "L"hôtel New Hampshire"

John IRVING : "L"hôtel New Hampshire"

hotel new hampshire

Avec Irving je continue la découverte des grands romanciers américians (après Thomas Pynchon et Joyce Carol Oates) et là on a affaire à un grand roman, une épopée familiale à la fois burlesque et grave.

John Berry nous conte l'histoire trépidante de sa famille, depuis la rencontre de ses parents, quelque part dans le Maine,  la naissance des frères et soeurs (Frank, Franny, Lilly et Egg),  le grand-père, le chien, Freud et l'ours. La vie de famille se réalise à travers le rêve du père : tenir un hôtel. L'hôtel New Hampshire.

En fait d'hôtel il y en aura trois, au gré de circonstances qui poussent à déménager et à entraîner tout ce petit monde. La famille est attachante, les péripéties sont grandioses, chacun se respecte, s'apprécie, s'aime ... Quel bonheur !

Mais la vie de la famille, si belle soit t-elle est aussi marquée par les drames. A travers le regard évoluant du jeune John, on passe du rire aux larmes. et  les préoccupations adolescentes prennent aussi une part importante de cette histoire.

Même si le rythme se ramollit un peu dans la deuxième partie du roman, et si l'épisode viennois présente quelques longueurs, le lecteur est emporté par ce récit foisonnant. Comment ne pas jalouser ces êtres capables de tout pour donner corps à leurs rêves ?

 

25 août 2015

Joyce Carol Oates : "Maudits"

Joyce Carol OATES : "Maudits"

Maudits

Encore du grand Oates avec ce "Maudits" qui nous plonge dans le Princeton de 1905 sécoué par d'étranges événements. Annabel Slade enlevée le jour de ces noces, alors que quelques jours auparavant l'ancien président Groover voit sa fille morte sur le toit de sa maison, comme si le "malin" s'acharnait sur cette communauté presbytérienne qui jouit d'influences et de pouvoirs sur l'ensemble des États-Unis.

Dans ces États-Unis, la religion influence et pour ainsi dire dirige l'ensemble de la vie, qu'elle soit personnelle, sociale ou politique. Elle irrigue la société entière, cette société nouvelle créée par les premiers colons libérés du joug britannique, cette société émancipatrice à condition d'être blanc, anglo-saxon et protestant. C'est cette société, bâtie selon les préceptes de Dieu, qui au début du XXème est heurtée de plein fouet à l'intérieur (par la libération des esclaves notamment) et par l'extérieur (par l'arrivée massive d'ouvriers immigrés illettrés, catholiques d'Italie ou d'Europe de l'Est) alors que naît et croît un mouvement socialiste qui cherche à ébranler les fondements mêmes de cet édifice divin.

Car Princeton, à ce moment là, est un concentré de l'histoire américaine, avec son université influente dirigée par Woodrow Wilson, les luttes intestines entre les professeurs ambitieux, les vieilles familles conservatrices et les porteurs des idées nouvelles (London, Twain, Sinclair).

Joyce Carol Oates nous offre un roman multiple, où les visages du mal sont eux aussi multiples, parfois cachés dans les détails mais souvent décrits à grands traits. On navigue entre réalité sociale et malédiction satanique dans une profusion lyrique, une construction millimétrée et une puissance narrative époustouflante.

Princeton_University_Campus_c1895

(Université de Princeton, vers 1895)

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