Joyce Carol Oates : "Les Chutes"
Joyce Carol OATES : "Les Chutes"
En voilà un qui a traîné sur une étagère pendant des années et qui pourtant vaut la peine d'être sorti, lu et apprécié.
Niagara, ce sont les Chutes. Les Chutes impressionnantes, ces énormes quantités d'eau qui tombent en permanence, ce lieu magique, vivant, divin presque. C'est là que nombres de jeunes mariés viennent célébrer leur voyage de noces. Depuis longtemps s'est développé autour des Chutes une industrie touristique florissante.
La jeune Ariah et son époux Gilbert seront de ceux-là, en juin 1950. Gilbert au petit matin de sa nuit de noce, ira se jeter dans les Chutes !
Est-ce là le début d ela damnation d'Ariah ? Errant une semaine à la recherche de son mari, c'est son destin qu'elle va trouver. Elle ne quittera plus Niagara Falls, y fondera une famille avec l'avocat Dirk Burnaby. C'est là tout le bonheur et tout le malheur d'Ariah.
Le décor est grandiose, on l'imagine bien, mais il y a un revers à cette belle médaille. Niagara Falls c'est aussi une cité qui prospère sur l'industrie chimique, des usines qui font vivre la plus grande partie de la population locale. Mais à quel prix ? Les questions sanitaires et environnementales ne sont pas d'actualités, et pourtant on sent poindre le début de la prise de conscience collective. Ce roman nous fait découvrir une Amérique complexe, où la certitude du pouvoir des puissants peut être mise à mal par la seule volonté d'un homme intègre et intransigeant, mû par une force surnaturelle puisée au plus profond des Chutes.
Navigant, comme sur le fleuve, entre les préoccupations familiales et les faits de société, l'auteure, avec une parfaite maîtrise du récit, nous trimbale, et passé le point de non retour ... tout peut arriver. Peu à peu, le lecteur est lui aussi envoûté par l'inévitable pouvoir d'attraction des Chutes et par la complexité de la personnalité d'Ariah.