Romain Gary : "La promesse de l'aube"
Romain GARY : "La promesse de l'aube"
Voilà un classique qui m'avait jusqu'alors échappé. Et de voir une affiche dans le couloir du cinéma, et surtout de lire le très bon "Un certain M. Piekielny" ont rapidement eu pour effet d'hisser ce récit devant mes yeux. Et quel texte !
Même si l'on connaît, au moins de façon fragmentaire, l'extraordinaire destin de Romain Gary, le récit est intéressant car il raconte dans le détail la vie de l'auteur entre sa naissance en 1914 et 1945. Mais il va au-delà de l'autobiographie fictionnée et du regard porté sur une époque. Il entre en profondeur dans la dissection de la relation mère-fils, de l'amour, de la haine, de la vénération, de l'adoration, de l'exaspération. C'est le lien qui est important ici.
Ce lien, c'est la force. C'est lui qui donne la volonté d'agir. C'est lui qui construit, à la fois l'homme en devenir et la femme au crépuscule de sa vie.
Dans un style magistral, l'auteur distille avec humour et malice, ces instants de l'enfance, de l'adolescence et de jeune adulte qui l'ont conduit à devenir le grand écrivain, l'aviateur compagnon de la Libération, le diplomate, le mari de Jean Seberg (et là ça ne peut qu'atiser la jalousie y compris de ses plus fervents admirateurs), le manipulateur deux fois prix Goncourt ... Tout est là.
C'est la matrice originelle.
Toutefois le récit s'inscrit quand même dans une époque et nous donne à voir à la fois les prémisses de le guerre en Europe, la vie de la communauté russe à Nice dans les années 1930, l'éducation de la jeunesse mais aussi, la période trouble de la drôle de guerre, de l'armistice de juin 1940 et des efforts opiniâtres de ceux qui cherchent à rejoindre Londres ...
Un incontournable intemporel.