Emile Zola : "L'assomoir"
Emile ZOLA : "L'Assomoir"
Lire ou relire Zola est toujours une expérience enrichissante. Ici, avec ce septième tome de la saga, nous voici plongés dans les quartiers nord de Paris, du côté de la Goutte d'Or au temps des ouvriers et des petits commerçants et artisans. C'est le destin de Gervaise que l'on suit. Gervaise arrivée de Plassans avec son mari Lantier et ses deux enfants Claude et Etienne.
Au-delà de son parcours de vie et de ses tribulations conjugales et professionnelles, c'est toute une société en effervescence qui est dépeinte. Le monde des petits, des sans grade, des laborieux, des précaires.
Ca c'est le texte, et le prétexte c'est de montrer les effets à long terme de l'alcool sur le genre humain. Et là, Zola n'y va pas de main morte. C'est toute une déchéance qui se profile et qui se perpétuera au-delà de la génération présente.
Avec brio et son talent d'écrivain, l'auteur, usant, voire abusant d'un vocabulaire issu du parler populaire de l'époque, dissèque cette société laborieuse en construction dans un Paris en reconstruction (voir "La curée" pour un écho dans la société bourgeoise enrichie par les spéculations immobilières). Mais le mal guette, s'insinue, imprègne et déforme, et met à mort les ambitions même les plus solides.
C'est déprimant quant au fond mais tellement réaliste, qu'il est devenu un grand classique, une sorte d'anti "Les misérables". Un incontournable.