Jean-Christophe Rufin : "Immortelle randonnée"
Jean-Christophe RUFIN : "Immortelle randonnée - Compostelle malgré moi"
Des centaines, des milliers, des dizaines de milliers parcourent chaque année un chemin de St-Jacques, qui en partant du Puy, qui de Vezelay, qui de St Jean Pied de Port ... et chacun devient le héros d'une histoire à la fois collective et singulière.
Rufin y songe, mais sans vraiment que ce soit bien clair. D'ailleurs sait-on vraiment jamais pourquoi on se lance ?
Parti d'Hendaye, il rejoindra Compostelle par la voie du nord (camino del norte), à travers l'Euskadi, la Cantabrie et les Asturies. Une aventure.
Nous ne sommes pas là dans le registre du journal, celui qui décrirai les étapes avec son lot de petites joies et de petits malheurs, nous sommes là dans le souvenir. L'auteur rédige après coup, plus vraiment à chaud. Et tant mieux, car ce qu'il reste n'est pas que ce qui émerge mais également ce qui se trouve sous la ligne de flottaison.
J'aime les récits des marcheurs solitaires, car la marche développe la pensée. Pas toujours la pensée rationnelle et organisée, mais toujours la pensée. Et ici on n'y coupe pas. Moins spirituel que le pèlerin de Paolo Coelho, le marcheur Rufin se rapproche plus d'un Tesson sur ses chemins noirs.
L'écriture est vive, la lecture très agréable, aucune fatigue, aucune ampoules aux doigts malgré des pages qu'il faut tourner rapidement. Un très bon moment d'évasion, qui porte un regard lucide sur la "mode" du camino et l'attrait "marketing" de Compostelle.
Le livre fermé, on se pose la question de savoir si vraiment c'est ce chemin qu'il faut suivre pour une aventure à pas lent avec soi-même. Merci Jean-Christophe Rufin.