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21 mars 2013

Mary R. Ellis : "Wisconsin"

Mary R. ELLIS : "Wisconsin"

Wisconsin

Dans le nord du Wisconsin, la terre est ingrate, le climat aussi, les hommes sont rudes, la vie est faite de grands espaces et de solitudes. 

Bill, son frère James, ses parents Claire et John Lucas vivent dans une de ces fermes isolée à proximité d'Olina petite ville ouvrière étriquée dans ses préjugés et ont pour voisin Rosemary et Ernie un couple sans enfant. Depuis la seconde guerre mondiale jusqu'à nos jours, l'on va suivre ces six vies. Comme une sorte de huis-clos rural.

James va s'enroler dans l'armée et sera envoyé au Vietnam pour échapper à son père alcoolique et violent. Bill qui a neuf ans et rêve de péche et de chevaliers et Claire qui semble sombrer dans la folie vivent dans l'angoisse en attendant de recevoir les lettres de James et surtout en attendant son retour. Cet événement va perturber le fragile équilibre familial et chacun va peu à peu dévoiler sa personnalité, ses blessures profondes, son âme. 

Un roman poignant, plein de sentiments à la fois violent et tendre, qui happe le lecteur par son atmosphère. Les thèmes abordés,  l'alcoolisme, la guerre, les violences physiques, la solitude et le désespoir sont toujours traités avec sensibilité. La narration est faite par chacun des personnages ce qui permet de varier les points de de vue, de les croiser, de donner au récit une densité et une richesse que l'on ne voit pas si souvent dans le roman américain contemporain.

Un excellent premier roman. 

 

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7 avril 2013

Mo Yan : "Le veau"

Mo YAN "Le veau" suivi de "Le coureur de fond"

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Publié en 1998, mais seulement en 2012 pour la traduction française, voici un recueil de 2 nouvelles qui se situent dans la Chine agricole des années 1968. Toutes les deux sont excellentes et le regard de l'auteur (et du narrateur) sur la vie dans son pays à l'ère du communisme triomphant est remarquable et plein d'humour et de tendresse. 

"Le veau" nous emmène dans ce village agricole où trois veaux vont se faire châtrer et où le jeune narrateur espère pouvoir manger une portion de testicules frits préparés par sa tante. Mais on lui confie la garde des veaux, pendant que les adultes partent partager les agapes. Le jeune homme va alors se poser des questions et entrer en communication avec les veaux ... et si les veaux révélaient leur côté humain alors que les hommes révèlent leur bestialité ? 

Un conte à la fois cruel et drôle écrit dans une langue truculente (merci à la qualité de la traduction) qui cache entre les mots un regard à la fois acéré et caustique. Un réel moment de plaisir. 

"Le coureur de fond" raconte (toujours à travers le regard d'un adolescent) l'histoire de l'instituteur du village qui va être amené à participer à une épreuve sportive organisée par le village. L'auteur dresse ici un autre portrait de la vie rurale à cette époque (1968 -1970) et met en scène les droitiers (en cours de redressement en camp de travail) dont l'influence sur le développement  des campagnes ne sera pas négligeable. 

Ce conte, plus court, est moins abouti que le précédant, mais ne manque pas d'humour non plus, notamment à travers les portraits qu'il dresse. 

Mo Yan, un auteur à suivre et à recommander. 

1 octobre 2012

Leonor de Recondo : "Rêves oubliés"

Leonor de RECONDO : "Rêves oubliés"

 

rêves oubliés


Une sensibilité d'écriture pour nous conter cette famille basque d'Espagne en exil pendant la guerre. Quittant Aranjuez pour Irun, puis Irun pour Hendaye, puis Hendaye pour vivre dans une ferme des Landes. Peu importe les conditions, l'important c'est d'être ensemble. Unis. Une famille de républicains pourchassée par le franquisme. 

Aïta, Ama, leurs trois enfants, les deux parents et les deux frères d'Ama, activistes politiques qui seront internés un moment au camps de Gurs, forment cette famille. 

Et Ama (la mère) qui note au fil du temps ses sentiments, ses ressentis, sur un petit carnet. Ama qui voit chaque étape de cet exil comme un nouveau renoncement veut maintenir coûte que coûte la cohésion de la famille. Avec en ligne de mire, le secret espoir du retour au pays ...

Avec une économie de mots, Leonor de Recondo arrive à nous transporter dans le quotidien de cette famille et dans l'intimité des sentiments de cette femme qui aime. Et qui aime, par dessus tout son Aïta. 

Le contexte politique et certains personnages ne sont que survolés, ce qui amoindri l'intérêt de ce livre qui n'en reste pas moins un bon roman. 

15 novembre 2012

"La grande course de Flanagan" de Tom Mc Nab

Tom NcNAB : "La grande course de Flanagan"

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Voici un roman qui date de 1982 (1983 pour la traduction française) et que les éditions Autrement ont eu la bonne idée de rééditer en 2012.

La Trans America est cette course à pied organisée par Charles C. Flanagan qui a consisté en 1931 à traverser les Etats-Unis de Los Angeles à New-York. Donc il s'agit d'un roman sportif. Mais pas seulement. Comme nous sommes en 1931 il s'agit plus d'une aventure, à la fois individuelle et collective qui est racontée ici. Un genre de road-trip qui nous entraîne dans cette caravane hétéroclite de sportifs professionnels, d'amateurs victimes de la crise économique et attirés par les récompenses, un cirque, une caravane publicitaire, des journalistes .... Tom NcNab ne nous fait pas un compte rendu quotidien, façon chronique, mais nous emmène dans l'intimité des protagonistes : Flanagan, l'organisateur aux prises avec tout une série d'embûche de tous ordres, les coureurs Cole, Morgan, Sheridan, McPhail, Martinez dont les destins différents convergent dans cette course folle.

Le récit de cette course, inspirée de la vraie Trans America qui eût lieu en 1928 et 1929, conduit à aborder les thèmes du dépassement de soi (tous les coureurs de fond savent de quoi il s'agit), mais aussi du professionnalisme, des rapports sport - argent, du dopage, des enjeux nationaux et politiques (le sport propédeutique à la guerre ? ) avec une acuité intéressante.

 

trans america

 Evidemment les coureurs de fond, et ils sont nombreux à s'aligner les dimanches sur les marathons, apprécieront cette épopée qui a quelque chose de l'Odyssée, mais les lecteurs attirés par l'aventure y trouveront également leur compte.

Un roman à lire lentement, en endurance.

22 avril 2013

Haruki Murakami : "Les amants du Spoutnik"

Haruki MURAKAMI : "Les amants du Spoutnik"

les amants du spoutnik

Et voici donc mon premier Haruki Murakami, et je découvre là tout un univers, à la fois poétique et extravagant.

Le roman relate l'amour impossible à partir de trois personnages, dont le narrateur. K. est un instituteur quelque peu solitaire qui est passionnément amoureux de Sumire. Mais Sumire, jeune fille plutôt fantasque, tombe subitement amoureuse de Miu, une femme d'affaires. Miu ne semble pas éprouver de sentiment amoureux.

Les deux femmes partent en voyage d'affaires en Italie, en France puis se retrouvent pour quelques jours sur une île grecque. Quand Sumire disparaît, envolée comme de la fumée, leur petit monde va être bouleversé. Le mystère s'installe.

D'une écriture fluide, usant de la métaphore, Haruki Murakami nous dresse des portraits tourmentés, mêlant le rêve et l'imaginaire au récit. Toutefois le lecteur (occidental) n'est pas dépaysé, car les références culturelles sont les nôtres ( Kérouac, Balzac, Brahms, Mozart, le vin de Bourgogne ... ) et de ce fait amoindrissent l'intérêt de ce roman.

Sans être vraiment emballé par l'histoire elle même, je suis malgré tout enchanté par le style et la construction du roman. Il ne reste plus maintenant qu'à en lire un autre, en quête d'un véritable coup de coeur.

 

 

 

 

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18 janvier 2013

Mo Yan : "La belle à dos d'âne dans l'avenue de Chang'an"

MO YAN : "La belle à dos d'âne dans l'avenue de Chang'an"

 

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S'il n'avait été lauréat du prix Nobel de littérature en 2012, je pense que je n'aurais pas été attiré par Mo Yan cet écrivain chinois. Mais voilà, comme quoi un peu de reconnaissance internationale peut attiser la curiosité. Il en va de même (entre parenthèse) pour Haruki Murakami (japonais cette fois) que je me suis promis de découvrir en 2013. 

Revenons à cet ouvrage. 

Il ne s'agit pas d'un roman, mais d'un recueil de quatre nouvelles, publié en France en 2011. 

On est là dans  un monde fantastique où les situations les plus quotidiennes se trouvent dérangées par des phénomènes tout à fait  extraordinaires. Comme Han Qi qui en rentrant du travail croise une jeune fille en robe rouge juchée sur le dos d'un âne noir et suivie d'un chevalier en armure, tout ça dans le flot de circulation de Pékin. Ou bien ce jeune militaire qui se rend dans son village pour épouser sa promise et qui rencontre en chemin une jeune fille qui tient un bouquet de fleur accompagnée par un chien. Mo Yan nous conte ces hommes attirés par la beauté des femmes, cette fascination étrange et irresistible.

Les deux autres nouvelles mettent en scène des enfants. Les textes sont plus durs (notamment le dernier : "les poucettes"), plus cruels, et abordent l'injustice et la lâcheté. 

Avec un style très poétique, (bravo au passage à la traductrice) ces contes sont comme des rêves où se mêlent les couleurs, les odeurs, les lumières, des rêves envoûtants qui virent au cauchemar et qui touchent le lecteur au plus profond. 

En lisant, je n'ai pu m'empêcher de penser aux contes fantastiques de Selma Lagerlöf. 

Pour une découverte de Mo Yan, c'est une réussite. Promis, il ne va pas se passer longtemps avant qu'un autre roman ne vienne se déposer sur la table de chevet porté par un vent d'est frais et revigorant.

11 septembre 2013

Dennis Lehane : "Shutter Island"

Dennis LEHANE : "Shutter Island"

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Ce roman a déjà 10 ans et a fait l'objet d'une magistrale adaptation cinématographique, mais cela ne gâche rien au plaisir de le lire. 

Shutter Island est un îlot siège d'un hôpital-pénitencier (ou l'inverse) dans lequel sont enfermés les criminels violents et souffrant de troubles psychiatriques. Le décor est planté. Une détenue a disparu. Teddy Daniels marshall de Boston et son équipier débarquent pour mener l'enquête. Comment cette détenue, schizophrène, qui a tué ses trois enfants, a t-elle pu disparaître de sa cellule encore fermée de l'extérieur ? Mais Teddy veut profiter de cette enquête pour retrouver le meurtrier de sa femme et mettre à jour la vérité de cet établissement soupçonné de pratiquer de terribles expérimentations sur les patients.

A travers ce récit très bien mené, le lecteur est plongé dans l'enfer de l'univers carcéral et psychiatrique. Il faut en permanence se méfier des apparences, déjouer les conspirations, détecter les mensonges, résoudre les énigmes. Le rythme est haletant, l'espace est confiné, la météo hostile. Le dénouement est remarquable. 

Ce récit est également fort bien documenté et la maladie mentale (la schizophrénie) tient là une place majeure. 

Chacun est responsable de ses actes, mais surtout chacun doit accepter de porter cette responsabilité. La psychiatrie (psychanalyse) a permis de mettre à jour le phénomène des mécanismes de défense. Il sont là au centre de ce thriller haletant. 

Il s'agissait là de ma première rencontre avec cet auteur majeur. Ce ne sera pas la dernière. 

 

shutter

 

3 février 2013

François Mauriac : "Thérèse Desqueyroux"

François MAURIAC : "Thérèse Desqueyroux"

Thérèse Desqueroux

Grand classique de la littérature française, c'est toujours un plaisir de lire Mauriac, et surtout de lire "Thérèse Desqueyroux". D'abord, le style Mauriac, quelle richesse, quel talent, un orfèvre, un maître. Mais surtout la profondeur des personnages et en premier lieu Thérèse.

Thérèse, mariée à Bernard, accusée de l'avoir empoisonné est libérée par le tribunal : non-lieu. Non-lieu basé sur le (faux) témoignage de son mari. L'honneur des deux familles est sauf ! Sur le chemin du retour vers Argelouse, la voilà qui repense à son geste en cherchant les causes profondes de son geste, depuis l'enfance et la jeunesse dans cette haute lande où la propriété (notamment foncière) exerce une influence majeure sur les comportements.

Mais libérée par la justice, l'est-elle vraiment pour ce qui concerne le regard des autres, des voisins, des amis, de la famille ? Et surtout Bernard a t-il vraiment pardonné ? Thérèse sera isolée, comme emmurée dans cette espace à la fois infini et confiné.

Et Mauriac de nous faire sentir toute la souffrance de cette femme à l'esprit libre, celle qui n'a jamais était "à la voie", (qui refuse les ornières) prise dans l'étau de cette société bourgeoise.

Roman impressionnant à la fois par le côté social du récit, mais aussi par l'écriture poétique qui enchante le lecteur.

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12 octobre 2013

Italo Calvino : "Le Vicomte pourfendu"

Italo CALVINO : "Le Vicomte pourfendu"

 

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Premier volet de la trilogie "Nos ancêtres", "Le Vicomte pourfendu" est un conte à la fois extravagant et philosophique.

Médard de Terralba voit son corps coupé en deux dans le sens de la longueur par un boulet de canon lors d'une bataille contre les turcs. Une des deux moitiés a pu être sauvé (ah, la chirurgie en temps de guerre ! ) et rentre au village. Et c'est le mal incarné qui rentre au village, cette moitié de Vicomte dans son manteau noir. Les villageois vont subir sa violence acharnée.

Jusqu'au jour où l'autre moitié du Vicomte apparaît, revenue elle aussi du champs de bataille. Et chaque moitié vit sa vie indépendamment de l'autre. La seconde dispensant le bien et la bonté autour d'elle.

Et là c'est la confrontation entre le bien et le mal. Comme deux facettes de la même personne.

Très bien écrit, ce récit bref (à peine une centaine de pages) met en scène ces deux demi-personnages, dans un décor et une ambiance de conte tout à fait originale et drôle  narré par un gamin (le neveu du Vicomte) de façon naïve et profonde à la fois.

Au-delà du texte, Italo Calvino nous pousse à la réflexion, sur nous même sur  nos comportements. Et même jusqu'à l'absurde : le bien peut il exister sans le mal ?

 

 

29 octobre 2013

Italo Calvino :"Le Baron perché"

Italo CALVINO :"Le Baron perché"

 

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Deuxième conte philosophique d'Italo Calvino dans la série "Les ancêtres", "le Baron perché" fourmille d'inventions littéraires et fantastiques.  Côme, alors âgé de douze ans, au cours d'un repas pendant lequel sa famille veut lui faire manger des escargots, décide de se réfugier dans les arbres ... et de n'en plus descendre. C'est le début d'une longue aventure, toute en hauteur, dans les diverses ramures de la région d'Ombreuse en Ligurie, le début d'une construction qui le poussera, par la lecture notamment, à épouser les idées des Lumières contre l'ordre établi, à espérer dans la Révolution, dans l'instauration d'une République Universelle .... Du haut de ses arbres Côme pense le monde différemment. Il aidera les pauvres, les opprimés, les faibles et il connaîtra l'amour. Les livres sont le ressort qui ouvre toutes les portes, qui abat tous les murs.

Avec une très belle écriture, ce texte qui mèle avec maestria la réflexion et l'humour emporte le lecteur dans les délices de la vie sauvage, de l'insoumission, de la révolution. Du grand art.

 

1 novembre 2013

Gustave Flaubert : "Un coeur simple"

Gustave FLAUBERT : "Un coeur simple"

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De l'amour véritable dans un coeur simple.

Premier des "trois contes" que Flaubert a publié à la fin de sa vie, "Un coeur simple" c'est la vie de Félicité, vie à la fois triste et exaltée. Un conte qui tourne autour de l'amour.

Flaubert nous brosse un portrait de cette femme vraie, de cette femme qui aime sans rien attendre en retour. Cette femme qui donnera tout son amour, à Virginie d'abord, à Victor ensuite puis à Loulou. Loulou, le perroquet qui personnifie, si l'on peut dire, l'amour divin, l'esprit saint.

Ce conte est aussi intéressant, outre le style remarquable de l'auteur, pour sa valeur sociologique et sa description de la vie de la classe aisée en Normandie au début du XIXème siècle, car le récit est linéaire, sans intrigue, un peu fade même. C'est dommage, le personnage aurait mérité d'être plus fouillé, plus creusé. L'analyse psychologique n'est pas mise en valeur alors que la matière est abondante avec tous les malheurs que Félicité traverse. Quoi qu'il en soit la lecture est agréable, abordable aussi et c'est quand même essentiel.

A noter la remarquable adaptation cinématographique réalisée par Marion Lainé en 2008 et une Félicité très touchante dans la peau de Sandrine Bonnaire.

10 novembre 2013

Italo Calvino :"Le chevalier inexistant"

Italo CALVINO :"Le chevalier inexistant"

chevalier

Troisième volet de la série de contes intitulée "Les ancêtres", nous voici ici au temps de Charlemagne et des guerres continuelles entre les preux chrétiens et les infidèles mahométants. Dans ces temps, Agilulfe, un chevalier, combattait dans une armure blanche, immaculée. Mais dans cette armure, point de chevalier. 

Et pourtant, s'il n'a pas de corps il a un esprit et représente l'ordre et la perfection en toute chose. Mais la guerre est également omniprésente avec tout le chaos ordinaire qu'elle entraîne. C'est un roman chevaleresque, et au détour des pages, on croise des personnages haut en couleur, toujours à la recherche de ce quelque chose qui caractérise l'existence.

Si le texte et d'une écriture très abordable, c'est le sens profond qui est plus difficile à découvrir. L'auteur emporte le lecteur dans ces aventures abracadabrantesques avec humour et poésie, grâce à une construction parfaite et un rythme haletant. 

Si Agilulfe ne connaît pas la fatigue car il n' a pas de corps, le lecteur, lui, ne se lasse pas car il est pur esprit.

 

 

 

 

 

 

 

 

14 novembre 2013

Gustave Flaubert :"La légende de Saint Julien l'Hospitalier"

Gustave FLAUBERT :"La légende de Saint Julien l'Hospitalier"

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Deuxième des trois contes de Gustave Flaubert, nous voilà plongé dans une atmosphère fantasmagorique qui a dû inspirer Italo Calvino pour ses "Ancêtres".

Né pour devenir saint et empereur, le jeune Julien, de noble souche, vit au château de ses parents et passe son temps à la chasse. Alors qu'il traque un cerf, celui-ci lui annonce une malédiction :« Maudit ! maudit ! maudit ! un jour, cœur féroce, tu assassineras ton père et ta mère. » Julien, pour que la prémonition ne se produise pas, fuit, devient un chevalier combattant sur tous les fronts, et finalement rencontre l'amour. Mais ses parents, qui rien n'a pu consoler de son départ, sont à sa recherche et vont le retrouver. Par une confusion terrible inspirée de sa jalousie, Julien va effectivement occire ses père et mère. Il quitte tout, alors, pour devenir un mendiant errant.

Quelle belle écriture Flaubert met au service de cette légende violente et fatale qui conjugue à la fois Oedipe et Tristan et Iseult,  pour nous décrire le vitrail de la cathédrale de Rouen ! Un travail d'orfèvre qui magnifie l'imaginaire de l'auteur. Le récit nous révèle un personnage avec toutes ses ambiguïtés : de la piété filiale au sadisme carnassier, de la culpabilité à l'altruisme rédempteur.

Un texte court, mais du grand art.

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(fragement du vitrail de la cathédrale de Rouen)

 

 

 

26 novembre 2012

Amélie Nothomb : "Robert des noms propres"

Amélie NOTHOMB : "Robert des noms propres"

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         Biographie de la fin en quelque sorte, ce roman nous dresse le portrait de Plectrude enfant et adolescente. L'ambiance noire du début laisse peu place à un univers féerique auquel se substituera le monde sans pitié de l'école de danse. Plectrude n'est pas une enfant ordinaire, mais l'auteure ne nous conte jamais la vie des gens ordinaires, et là on est servi. 

         L'amour maternel, l'éducation, le regard des autres, l'amitié, la domination, les doutes tous ces thèmes sont abordés à travers les yeux de danseuse de la jeune Plectrude. Jusqu'au jour où elle est admise à l'école des rats de l'Opéra et que sa vie va basculer. De sacrifices en obsession pour la maigreur la jeune Plectrude va alors aller au bout de son délire, au bout de son destin. 

          On retrouve dans ce roman des airs connus chez Amélie Nothomb, notamment l'enfance des petites filles extraordinaires mais aussi l'amitié malsaine (on trouve chez Plectrude des traits de caractère de Christa) mais aussi l'amour des mots, des phrases ciselées et de l'humour. 

          Certainement pas le meilleur de l'auteure, mais une agréable lecture tout de même, à conseiller à des adolescentes par exemple. 

 En complément de cette biographie, on écoutera RoBERT : "Celle qui tue".  

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3 janvier 2014

Jean Giono : "Les âmes fortes"

Jean GIONO : "Les âmes fortes"

 

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Giono c'est une atmosphère. Bien sûr on pense à la Provence, mais là, même si on y est en provence (côté montagne de la Drôme) elle ne joue pas un grand rôle dans cette histoire. Ici c'est le tréfonds de l'humanité qui prime, cette âme si difficile  à déceler. Et Thérèse, cette Thérèse partie de rien, sans instruction mais avec un grand dessein, et avec comme seule arme son âme forte. Magnifique.

Quel roman !

D'abord la forme ;  ici on veille un mort, et pendant la veillée funèbre les femmes causent près du feu, avec quelques provisions et du café. Les histoires du village vont défiler, de façon certes décousues, avec de multiples retours et contestations, mais on comprend bien qu'il s'agît de la même histoire, dans ce village, dans cette auberge où s'arrêtent les pataches, où les voyageurs font haltes. Mais chacune a sa version, et Thérèse, vieille maintenant, raconte t-elle son rêve ou bien sa vie ? Cette unité de temps de la narration (une nuit) rend compte d'une bonne cinquantaine d'année à travers des voix multiples et souvent contradictoires. Sans découpage, l'enchainement des évènements et des personnages est parfois difficile à suivre, mais le récit est très rythmé.

Et puis le fond ; toutes les bassesses, toutes les jalousies, toutes les rancoeurs, les hypocrisies, un univers impitoyable et cruel où les sentiments sont bridés pour pouvoir agir froidement. Sauver coute que coute les apparences constitue également un leitmotiv. Mais on y trouve aussi l'amour, l'amour véritable, le dénuement, la passion dévoreuse, la folie.

Giono nous dresse là un tableau de la société dans ces vallées alpines à la fin du XIXème siècle. Une société en mutation, où l'on construit le chemin de fer, où l'on fait appel à la main d'oeuvre piémontaise, où s'installe durablement des chantiers colossaux, et où les affaires et l'argent peuvent être rapidement gagnés pour qui sait s'y prendre.

 

"Thérèse était une âme forte. Elle ne tirait pas sa force de la vertu : la raison ne lui servait de rien ; elle ne savait même pas ce que c’était ; clairvoyante, elle l’était, mais pour le rêve ; pas pour la réalité. Ce qui faisait la force de son âme, c’est qu’elle avait, une fois pour toutes, trouvé une marche à suivre. Séduite par une passion, elle avait fait des plans si larges qu’ils occupaient tout l’espace de la réalité ; elle pouvait se tenir dans ces plans quelle que soit la passion commandante ; et même sans passion du tout. La vérité ne comptait pas. Rien ne comptait que d’être la plus forte et de jouir de la libre pratique de la souveraineté. Être terre à terre était pour elle une aventure plus riche que l’aventure céleste pour d’autres. Elle se satisfaisait d’illusions comme un héros. Il n’y avait pas de défaite possible. C’est pourquoi elle avait le teint clair, les traits reposés, la chair glaciale mais joyeuse, le sommeil profond."


 

 

24 novembre 2012

David Foenkinos : "La délicatesse"

David FOENKINOS : "La délicatesse"

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J'avais déjà abordé Foenkinos à travers sa biographie romanesque de Lennon. Mais ici c'est tout à fait autre chose.

Comme ce roman porte bien son nom !

A partir d'une histoire simple et banale l'auteur nous transporte avec verve et jubilation dans l'univers de la délicatesse. La délicatesse d'une relation amoureuse naissante pendant le veuvage.

Et l'on entre dans le monde de Nathalie, femme active et amoureuse, dont le mari François va décéder brutalement. Le monde de Nathalie se clôt alors, et seul le petit milieu de l'entreprise dans laquelle elle travaille lui permet de survivre. Et David Foenkinos de nous brosser un tableau au second degré de ce milieu et des sentiments de chacun, des jalousies, des manipulations, des désirs et des frustrations qui animent chacun.

Finalement, il s'agit d'une histoire romantique et légère, plaisante à lire, émaillée de commentaires divers de l'auteur sous forme de mini chapitres, d'une femme qui peu à peu se laisse emporter dans la folie de l'amour.

 Les lecteurs qui ne cherchent pas un chef d'oeuvre mais qui voudront passer un bon moment de lecture peuvent y aller les yeux fermés.

18 février 2014

Alban David : "Histoire du rugby au Pays-Basque"

 Alban DAVID : "Histoire du rugby au Pays-Basque"

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Merci aux Editions Sud-Ouest et à Babélio pour m'avoir envoyé ce livre.C'est le titre qui m'a attiré, groupant trois propositions pleines de promesses : Histoire, rugby et Pays-Basque. Mon sang de fidèle supporter du rugby luzien des années 1970, aujourd'hui expatrié dans un quasi désert d'ovalie, n'a fait qu'un tour. 

 Alban David, dans un ouvrage fort bien structuré et richement documenté, fait une excellente synthèse de l'impact de ce jeu particulier ramené au contexte du Pays-Basque. Comment ce sport de gentleman british a séduit les laboureurs et les marins qui peuplaient cette contrée de l'extrême sud-ouest de la France ?  Comment ce sport s'est ensuite développé, pour devenir une culture, un lien qui unit la communauté, une fraternité ? 

Mais à travers cette exploration, l'auteur montre l'évolution du rugby en général : le paternalisme sportivo-économique, la transmission des valeurs humaines, du patrimoine, la vénération des anciens, toutes ces valeurs qui ont fondé ce sport amateur. Ici, l'exemple basque n'est pas isolé et dans bien des endroits (du sud de la France certes) l'évolution est la même. Des petites villes n'existent que par le rugby.

Ce modèle qui fera la gloire de nombreux clubs dans les années 1960 à 1990 va exploser complètement avec le professionnalisme. Certes l'argent a déjà fait irruption dans le sport, mais modestement, comme un tabou, comme un désir refoulé.

A partir de la coupe de monde de 1987, l'argent entre de plein pied, décomplexé, et irrigue toute la filière. La France tarde à  accepter cet état de fait. Le Pays-Basque y entre encore plus lentement. Peu à peu l'ancienne structure stable sur laquelle reposait le rugby s'effondre. Un nouveau monde éclot, avec des grands clubs, des supporters plus nombreux, la télévision, le marketing, le merchandising etc...

Le rugby nouveau est arrivé. Au Pays-Basque il se matérialise à travers deux clubs professionnels (Aviron Bayonnais et Biarritz Olympique). Mais faire vivre deux clubs professionnels pour un tissu socio-économique si faible n'est-il pas une utopie ?

Le Pays-Basque a t-il complètement fini sa révolution rugbystique ? Les années (voire les mois) à venir peuvent encore changer le paysage, et ce virage là il ne faudra pas le manquer, si l'on veut qu'il existe encore du rugby au Pays-Basque et si l'on veut que celui-ci fournisse au rugby français et mondial ses meilleurs joueurs.

 

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imanol

 

ondarts

 

Serge-Blanco

 

 

 

6 mars 2014

Fumio Niwa : "L'âge des méchancetés"

Fumio NIWA : "L'âge des méchancetés"

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Une réflexion sans concession sur la vieillesse.

Dans le Japon de l'immédiat après-guerre, une grand mère de quatre-vingt six ans se trouve ballotée entre les familles de deux de ses petites filles. Elle empoisonne leur vie, chacune veut s'en débarrasser. La vieille est un objet encombrant dont personne ne veut.

La vieille Umejo ne se laisse pas faire : méchante, voleuse, acariâtre, elle mène la vie dure à son entourage. Parfois attachante, souvent irritante, Umejo ne laisse pas indifférent. Le récit s'attache à la réflexion à partir de faits de la vie quotidienne et n'est pas exempt d'humour (un peu à la manière de Mo Yan pour le voisin chinois).

Ce court récit nous offre une vision de notre propre société, où la vieillesse n'est plus assumée par les familles mais par des institutions spécialisées. On est ici à la charnière entre la société traditionnelle et la société moderne, celle qui va faire fi des codes ancestraux. Et ce qui est valable pour le Japon de 1947 est valable pour l'Europe. La problématique du vieillissement est-elle universelle ? Qu'adviendra t-il de nous quand notre esprit aura peu à peu disparu et que nous ne serons plus qu'un corps flasque et fripé que la vie ne veut pas quitter ?

2 avril 2013

J.M.G. Le Clézio : "Le chercheur d'or"

J.M.G. LE CLEZIO : "Le chercheur d'or"

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Le Clézio nous transporte, nous fait voyager, à la recherche de l'or du corsaire, à la recherche du trésor enfoui. L'aventure d'Alexis L'Etang, du jeune garçon de 8 ans qui vit à l'Ile Maurice à l'adulte qui, dans la quête du trésor, cherchera le sens de sa vie. Une vie jalonnée de naufrages, que ce soit la banqueroute de son père, la destruction de sa maison par l'ouragan, l'expropriation, la mort de son père puis le départ pour Rodrigues, les tranchées de la Somme ... 

Mais il y aussi l'amour, l'amour de sa soeur Laure d'abord et plus tard l'amour de la jeune et belle Ouma rencontrée dans l'Anse aux Anglais. 

Et il y a la mer, omniprésente, comme en opposition à cette terre désespérante et source des malheurs. Il y aussi la nature, si belle si riche, confrontée à la civilisation des hommes, celle qui maltraite les indigènes des plantations et celle qui sacrifie ses enfants dans les horreurs des tranchées. 

Un livre d'aventure, une  aventure humaine incroyable où l'on retrouve des allusions mythiques : Robinson, bien entendu, mais aussi Jason (le chercheur d'or)  voire Sisyphe (l'éternel recommencement) par bien des aspects.

Un grand roman assurément.

28 mars 2014

Ruta Sepetys : "Big Easy"

Ruta SEPETYS : "Big easy"

big easy

Encore un littérature jeunesse repéré lors d'une opération "masse critique".

Ici nous voilà transporté dans La Nouvelle-Orléans du début des années '50. Josie Moraine, 17-18 ans, doit se débrouiller dans la vie, entre un boulot de libraire et faire le ménage dans le bordel où travaille sa mère. Il y a là de quoi nourrir des rêves d'ailleurs et surtout des rêves d'autrement. En intégrant une grande université de l'Est par exemple ?

La rencontre avec ce riche client à la librairie un soir de nouvel an sera t-elle l'étincelle qui allumera le feu d'artifice des rêves passionnés de Josie ?

Forte d'un caractère construit par toutes les épreuves de sa condition, Josie se lance dans un défi insensé. Elle peut compter sur des amitiés solides, des amours naissantes, inavouées, innocentes. Mais on n'échappe pas si facilement à son destin.

La Nouvelle-Orléans de ces années là, c'est aussi une criminalité à ciel ouvert, avec une mafia omniprésente dans le quartier français. Et les rêves de Josie se trouvent pris dans la tourmente d'un meurtre mystérieux.

Mené tambour battant, même si le départ est un peu lent, le roman nous brosse une aventure et des personnages bien construits. L'ambiance du sud est très bien rendue, la chaleur moite, la lumière, mais aussi la ségrégation qu'elle soit raciale ou sociale.

Bref, Ruta Sepetys maitrise son sujet : une ambiance, une héroïne et des personnages secondaires. Un bon moment de lecture pour des jeunes qui veulent sortir des dystopies et autres fantasy.

 

 

5 septembre 2012

Gisèle Pineau : "Case mensonge"

Gisèle PINEAU : "Case mensonge"


Case mensonge

La Guadeloupe entre misère et secrets

 

J'ai découvert Gisèle Pineau grâce à France Inter où elle était invitée pour parler de ses livres. Plusieurs romans ont attiré mon attention, dont celui-ci publié dans une collection jeunesse. 

 

Djinala, une fillette de onze ans vit dans un genre de bidon ville de cases, duquel chacun cherche à sortir, mais où l'amitié est très forte entre les habitants. Djinala vit là avec sa manman, son frère et sa soeur.
Des logements modernes sont en construction et quelques uns des habitants pourront en bénéficier.
La jalousie et la suspicion s'installent, jusqu'au jour où la liste des bénéficiaires est connue.
La tension monte entre les voisins, les langues se délient et Djinala finira par découvrir le secret de sa famille.

Roman jeunesse, certes, mais plein de douceur et de poésie, dans un contexte dur, où l'on est bien loin des cartes postales touristiques. 

 

quartier guadeloupe

 

8 avril 2013

Francis Scott Fitzgerald : " L'étrange histoire de Benjamin Button"

Francis Scott FITZGERALD : "L'étrange histoire de Benjamin Button"

benjamin Button

Courte nouvelle, s'il en est, de l'étrange destin de ce Benjamin Button, né vieux et qui rajeunira jusqu'à mourir. Ce n'est pas un grand texte littéraire, et j'attendais plus de l'auteur, dommage. Mais, il conduit bien la réflexion sur le temps qui passe et sur la perception que nous en avons. Toutefois, les personnages ne sont pas creusés et les situations pas suffisamment exploitées. 

Ce qui est surtout étrange c'est la façon dont l'auteur traite l'aspect psychologique de Benjamin Button, qui naît vieux en tout point. David Fincher, dans le film tiré de cette nouvelle (en 2008) prendra le parti inverse, et cela contribuera nettement à la réussite de ce film. 

Bref, une lecture rapide où l'on ne s'ennuie pas, mais qui manque de profondeur. 

9 juin 2014

Hervé Bougel : "Tombeau pour Luis Ocana"

Hervé BOUGEL : "Tombeau pour Luis Ocana"

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Petit livre, vite lu, même pas cent pages, et certaines de quelques lignes seulement, 71 chapitres. Bref, un vrai parti pris artistique et littéraire.

Et ce parti pris peut déranger. Évidemment, ce qui m'intéressait dans cet ouvrage c'était le nom de Luis Ocana (excusez l'absence de la tilda), un grand cycliste des années '70, vainqueur du Tour de France et surtout grand rival d'Eddy Merckx.

Le jour de sa mort, tragique, Luis reconstruit par petites touches, les éléments de sa vie. Point de biographie, mais des compositions,  des impressions, une lumière poétique qui éclaire le bonhomme, qui le donne à voir sous un jour particulier. On aperçoit sa jeunesse, sa gloire et sa vieillesse.

Il est assez difficile d'accrocher à cette écriture. Les mots se succèdent, les phrases sont travaillées, mais le lecteur n'est pas transporté. On aimerait en savoir plus, que le fond de l'homme apparaisse, que ce qui en fait un champion, un être hors norme soit révélé.

Bref, en dépit des qualités évidentes de ce texte, je n'ai pas ressenti l'émotion vécue lors de la lecture de "Courir" d'Echenoz, ni, dans un genre différent, lors de la lecture des chroniques journalistiques d'Antoine Blondin.

Toutefois, je remercie les éditions de la table ronde et Babélio pour ce livre reçu dans le cadre d'une Masse Critique.

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(Luis Ocana après sa chute au Col de Menté, 1971)

21 juin 2014

Scholastique Mukasonga : "Notre-Dame du Nil"

Scholastique MUKASONGA : "Notre-Dame du Nil"

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Lycéennes entre éducation et géopolitique au coeur du Rwanda.

Dans une ambiance de lycée de filles toutes les tensions du Rwanda sont palpables. Si les Tutsi ont eu les faveurs des colonisateurs belges, ils se trouvent marginalisés après l'indépendance et stigmatisés par les Hutus, ethnie majoritaire arrivée au pouvoir.

Pourtant au lycée, et dans les emplois de fonctionnaires, un quota est réservé aux Tutsis. Dans cette fin des années 1960, la tension semble maîtrisée même si elle reste palpable. La moindre étincelle peut raviver cette haine séculaire.

Dans ce contexte de ségrégation et de haine larvée, les adolescentes vivent leur vie de filles, entre rivalités et jalousies. Elles qui représentent la future élite féminine du pays, sont tenues par la poigne de fer de la mère supérieure. L'éducation, l'accès au diplôme prime.

A travers quelques portraits poignants, l'auteure nous conduit dans ce pays de montagnes et de forêts, où la tradition orale est encore bien présente à côté du désir d'émancipation née de la période coloniale. On découvre un pays déchiré et les préludes du massacre humanitaire qui va le frapper quelques années plus tard. Les relations entre élèves peu à peu se transforment , au fur et à mesure que l'antagonisme prend forme et que la politique prend le pas sur l'éducation.

Un beau roman, même s'il n'a pas de qualités littéraires exceptionnelles, touchant, drôle et dur à la fois.

 

15 mai 2013

Claire Keegan : "Les trois lumières"

Claire KEEGAN : "Les trois lumières"

les trois lumières

 

Beaucoup de bonnes critiques sur le site de Babelio m'ont incité à lire ce roman d'une petite centaine de page. Et bien, je n'ai pas été déçu, ce livre est magnifique de sensibilité, un régal de lecture.

A travers la voix d'une fillette, Claire Keegan nous livre un univers de douceur et d'amour, dans cette campagne irlandaise faite d'humilité et de labeur. Cette fillette, que ses parents vont confier pour la durée de l'été à la famille Kinsella afin de soulager la mère, déjà mère de famille nombreuse et de nouveau enceinte, nous fait vivre des moments simples et authentiques. Dans cette campagne irlandaise, les liens vont se tisser, la petite va s'épanouir auprès de ce couple attentionné, dans cette ambiance à la fois sereine et désolée.

Mieux qu'un roman de passage, c'est un roman d'éducation. Ecrit dans un style remarquable il nous délivre, par petites touches, toutes ces découvertes, tous ces petits faits, ces petits riens qui permettent à la personnalité de se forger, de se fonder et d'éclairer par la suite toute une vie.

Un véritable coup de coeur, à apprécier paisiblement et à mettre entre toutes les mains.

wexford

(Campagne irlandaise dans le Wexford)

 

 

 

 

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