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14 juin 2022

Isabelle Autissier : "Le naufrage de Venise"

Isabelle AUTISSIER : "Le naufrage de Venise"

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Voir Venise et mourir avant de voir mourir Venise !

On sait, qu'Isabelle Autissier aime à raconter des aventures autant humaines ("Soudain, seuls" ou "Seule la mer s'en souviendra" ) que marines. Ici, elle met tout son talent au service de la cause de Venise, de ses habitants et par extrapolation de la planète entière et de l'espèce humaine.

Partant du postulat que si en raison du dérèglement climatique Venise sombrait dans sa lagune le choc serait mondial, il toucherait l'ensemble de l'humanité.

Venise ici est le personnage principal et se montre sous trois aspects : la Sérenissimme immortelle d'avoir porté la culture et le génie humain à son plus haut degré, la marchande qui ne vit que par le tourisme et ses emplois et la révoltée qui ne veut pas des paquebots de croisière, du MOSE et des logements airbnb.

A travers les trois personnages de la mère, du père et de la fille, nous voilà embarqué dans les problématiques contemporaines et futures qui agitent la cité. Sans jugements à l'emporte pièce, l'auteure instruit avec calme et lucidité la situation. L'impact actuel de décisions anciennes,le déni de l'avertissement des scientifiques, l'espoir dans une machine qui permet de fermer la lagune et de préserver la ville ... tout ça a un prix.

Touchant, sans être plombant, ce roman d'une catastrophe se lit comme une aventure qui donne le frisson, mais c'est du froid dans le dos dont il s'agit ici.

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16 février 2021

Zoyâ Pirzâd : "On s'y fera"

Zoyâ PYRZAD : "On s'y fera"

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Roman d'un féminisme ordinaire dans le Téhéran du début du XXIème siècle. A partir d'un instant charnière de la vie d'Arezou, on partage le quotidien de cette femme divorcée, entre son travail à l'agence immobilière, sa mère, sa fille et son amie Shirine. Un quotidien ordinaire, simple, mais teinté en fond d'un combat pour vivre en femme libre.

Jusqu'à sa rencontre avec Sohrab, rencontre qui va bouleverser ce quotidien.

Dans cette société iranienne riche en contrastes, au mode de vie à la fois moderne et ancestral, on voit là, toute la place des femmes, sur lesquelles pèse tout le poids de la domination masculine qui les écrase. 

Mais vivre sans mari, n'est-ce pas vivre libre alors ? Confrontée à cette contradiction Arezou va chercher à sortir de cette dichotomie manichéenne.

A partir d'une écriture qui plonge son inspiration dans le quotidien, dans l'oralité et l'humour, on traverse la vie de ces femmes et de toute la société iranienne. 

Un beau roman entre désir de liberté et désir d'amour qui bouscule nos certitudes avec tendresse.

1 septembre 2017

Helena Noguerra : "Ciao Amore"

Helena NOGUERRA : "Ciao Amore"

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Je connaissais la chanteuse Helena Noguerra, dont l'excellent album "Azul" m'a longtemps bercé il y a une quinzaine d'années, je connaissais l'actrice Helena Noguerra, dont le rôle dans "Hôtel Normandy" m'avait agréablement surpris, et j'étais donc curieux de découvrir Helena Noguerra l'écrivaine.

Le moins que l'on puisse dire c'est que ce roman ne laisse pas indifférent. Il peut par bien aspect paraître affligeant, consternant même, tant l'indigence du récit est flagrante. Et pourtant, il y a un petit quelque chose, une étincelle, une lueur, un brin de génie qui illumine au loin.

On est là dans un univers façon "Nouvelle vague", une sorte de "Pierrot le fou" avec des prénoms à la Nothomb.

Quelle invraisemblance dans cette histoire d'amour, de non-amour, de désamour ! Peut-on aimer et surtout se faire aimer fortuitement ? Comme ça par le premier homme rencontré, le prochain qui nous parle ? On lui donne dix jours ou c'est la mort.

La tragédie de l'amour, voilà le fond. Vaincre la séparation amoureuse, le deuil en quelque sorte, par le hasard, le fortuit. A cet égard, ce roman m'a rappelé "L'élixir d'amour" d'Eric-Emmanuel Schmitt .

Amateurs de roman d'amour déjanté, allez-y, sinon on peut allégrement passer son chemin, en espérant ne jamais rencontrer une Cléophée.

 

 

 

25 juin 2021

Emile Zola : "L'assomoir"

Emile ZOLA : "L'Assomoir"

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Lire ou relire Zola est toujours une expérience enrichissante. Ici, avec ce septième tome de la saga, nous voici plongés dans les quartiers nord de Paris, du côté de la Goutte d'Or au temps des ouvriers et des petits commerçants et artisans. C'est le destin de Gervaise que l'on suit. Gervaise arrivée de Plassans avec son mari Lantier et ses deux enfants Claude et Etienne.

Au-delà de son parcours de vie et de ses tribulations conjugales et professionnelles, c'est toute une société en effervescence qui est dépeinte. Le monde des petits, des sans grade, des laborieux, des précaires.

Ca c'est le texte, et le prétexte c'est de montrer les effets à long terme de l'alcool sur le genre humain. Et là, Zola n'y va pas de main morte. C'est toute une déchéance qui se profile et qui se perpétuera au-delà de la génération présente.

Avec brio et son talent d'écrivain, l'auteur, usant, voire abusant d'un vocabulaire issu du parler populaire de l'époque, dissèque cette société laborieuse en construction dans un Paris en reconstruction (voir "La curée" pour un écho dans la société bourgeoise enrichie par les spéculations immobilières). Mais le mal guette, s'insinue, imprègne et déforme, et met à mort les ambitions même les plus solides.

C'est déprimant quant au fond mais tellement réaliste, qu'il est devenu un grand classique, une sorte d'anti "Les misérables". Un incontournable.

13 septembre 2022

Hervé Le Tellier : "L'anomalie"

Hervé LE TELLIER : "L'anomalie"

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Un ovni dans la littérature française ? L'anomalie, prétexte à ce roman foisonnant, survient lors d'un vol transatlantique. Les passagers et l'équipage auront comme point commun d'avoir vécu cela ensemble. Et leur vie ne sera plus jamais pareille. Et pourtant ...

La première partie, qui brosse des portraits, est absolument grandiose. Un délice, une entrée succulente qui ouvre les papilles, qui chatouille délicieusement, qui promet des moments de grâce.

Ensuite on comprend et là, la tension est à son comble. La deuxième partie renverse le décor. C'est moins feutré, moins délicat. On entre dans une sorte de fiction scientifique. La lecture devient légèrement plus fastidieuse. on se trouve alors dans une ambiance à la Pynchon.

Et puis, il faudra bien finir. Il y a encore, dans les longueurs de la dernière partie, quelques traits de génie, notamment lorsque l'on recroise l'écrivain Victor Miesel. Mais ça devient un peu long et moins prenant à la lecture.

On est confronté à ce qui fait la personnalité, la singularité de chacun. Le temps et son écoulement jouent également un rôle essentiel dans ces vies frappées par l'anomalie. Un peu comme dans "Replay" de Ken Grinwood

 A la fois paranoïaque et complétement hors normes, mais toutefois bourré d'humour caché sous le texte, ce roman mène le lecteur dans une spirale dont il ne sortira plus. Au final voilà un très bon livre partant d'une idée de génie mais qui se perd un peu dans la profusion des mots, des personnages et des événements. 

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5 octobre 2022

Sarah Briand : "Simone éternelle rebelle"

Sarah BRIAND : "Simone éternelle rebelle"

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Quelle femme cette Simone Jacob, épouse Veil ! Elle a traversé le vingtième siècle, connu le pire, réussi sa vie de femme, de mère, d'épouse, fait changer la société française, fut souvent la pionnière dans un monde archi dominé par la masculinité.

Dans cet ouvrage biographique, l'auteure adopte une posture journalistique, faisant de grandes ellipses, pour se concentrer sur les moments clés de sa vie. Elle met en avant les qualités  de Simone Veil avec comme focale l’opiniâtreté. Elle ne renonce jamais ! C'est ce qui va la sauver.

On entre dans le quotidien, presque dans l'intimité, de cette femme à la fois forte et discrète, dans cette combattante de tous les jours. Le parti pris de l'auteure est de montrer que ce caractère a été forgé par son expérience des camps de concentration, ces mois passés au seuil de la mort, dans l'épuisement de la faim et des travaux forcés.

La lecture est facile, ce qui permet à tout un chacun de mieux connaître la vie de cette femme essentielle, vie qui se confond avec la vie de la France et de l'Europe sur près de 80 ans.

30 novembre 2022

Stephen King : "Jessie"

Stephen KING : "Jessie"

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Apparemment Jessie n'est pas très chanceuse dans la vie, c'est pourquoi elle se retrouve attachée au lit par des menottes et que son mari meurt subitement à ce moment-là. Le problème, c'est qu'elle est seule désormais, dans cette villa isolée près du lac, hors saison touristique. Seule avec son problème ... avec ses problèmes.

Car en même temps que l'on avance dans ses tentatives pour se sortir de cette situation, on entre dans ses réflexions, dans ses pensées, dans ses souvenirs. On entre dans les peurs, les terreurs, les effrois qui peuplent son esprit. Quand on est seul, ça gamberge.

Mais Jessie est-elle vraiment seule dans cette baraque ?

Stephen King distille un suspens prenant, alors que toute l'action se passe soit sur le lit, soit dans le cerveau encombré de la pauvre Jessie.

Bravo. La terreur s'installe peu à peu. Les cauchemars vont-ils prendre le dessus ou bien Jessie va t-elle trouver la force intérieure de combattre ses démons pour tenter de se libérer ?

Haletant et très bien mené, ce thriller mérite le détour.

16 septembre 2017

Marie Redonnet : "La femme au colt 45"

Marie REDONNET : "La femme au colt 45"

 

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Un peu plus de deux heures de train auront suffit pour la lecture de ce roman. A la suite de la répression d'une rébellion dans un pays imaginaire que l'on situe volontiers aux confins de l'Europe de l'est et de l'Asie centrale, Lora s'enfuie laissant mari (emprisonné) et fils (en résistance avec la rébellion). Elle devient clandestine avec pour seul bagage un colt 45 qui lui vient de son père. 

Quelle aventure ! Marie Redonnet, avec des phrases courtes, des chapitres courts, arrive grâce à une puissance évocatrice certaine, à nous faire vibrer avec Lora. Elle connaîtra la menace permanente des hommes, en position de faiblesse s'il n'y avait le fameux colt 45. Mais aussi de belles rencontres.

Forcément la vie change, la conception qu'on en a aussi, la perception du monde alentour évolue, et la personnalité de Lora prend corps dans cette fuite.

Un roman en forme de fable, à l'écriture sans fioritures, qui traite sans pathétique de la situation de ceux qui fuient leur pays, et se retrouvent vite sans rien, dépouillés et à la merci de tous les profiteurs.

 

29 décembre 2022

Amélie Nothomb : "Hygiène de l'assassin"

Amélie NOTHOMB : "Hygiène de l'assassin"

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Premier roman publié d'Amélie Nothomb, roman sur l'écriture, sur la lecture sur le rapport entre les deux, et tout ceci sous forme de dialogues.

Les trois premiers chapitres nous conduisent sans fioritures dans le mauvais esprit de ce Prétextat Tach. Puis arrive Nina, journaliste fouille-merde, qui va faire ressortir toute la fatuité, l'égocentrisme, la misogynie, la misanthropie et tous les excès de cet exécrable personnage.

Mais à force de joutes verbales, et sans rien lâcher, elle va réussir à faire se refléter son détestable portrait. Finalement, qui se cache derrière cette apparence ? Un écrivain que personne n'a lu ? Un écrivain que tout le monde a lu mais que personne n'a compris ?

En creusant, on trouvera peu à peu la clé de l'énigme. Et cette trouvaille fera t-elle vaciller le colosse ? Au-delà des apparences, de l'image véhiculée, c'est bien d'amour dont il s'agit, d'un amour sublimé par le temps qui passe alors que la mort est à la porte.

Littérairement riche, ce roman est à la fois original dans sa forme et dans son fond. Pour un premier c'est une réussite qui en appellera d'autres.

9 janvier 2023

Agnès Martin-Lugand : "Les gens heureux lisent et boivent du café"

Agnès MARTIN-LUGAND : "Les gens heureux lisent et boivent du café"

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Perdre son mari et son enfant subitement, quel choc !!!

Agnès Martin-Lugand nous raconte la reconstruction de Diane après une telle tragédie. Comment passer à autre chose ? Doit-on se débarrasser du passé ? Comment garder le souvenir sans être envahie ?  Comment vivre sereinement tournée vers le futur en gardant présent le chagrin du passé ?

Diane est aidée de Félix avec qui elle tient une librairie café. Mais c'est le voyage en Irlande qui va la faire rebondir.

De doutes en colères, de haine en attirance, de saoulerie en ballade sereine sur la plage ... peu à peu sa vie se reconstruit.

Je n'ai pas été totalement convaincu par cette histoire, quand bien même j'ai beaucoup apprécié le thème général. Je n'ai pas réussi à accrocher à la personnalité de Diane, ni à ce petit côté romance qui pointe son nez à un moment du roman. Toutefois la lecture de ce livre n'est pas dénuée d'émotions et de sensibilité.

Un avis mitigé, somme toute.

 

 

14 août 2018

James Lee Burke: "Texas forever"

James LEE BURKE  : "Texas forever"

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S'il est commun d'associer le nom de James Lee Burke à la Louisiane, ici le héros est clairement le voisin : le Texas. On entre, sous le prétexte de deux détenus évadés qui fuient la Louisiane,dans la genèse de la constitution de cet Etat dans les années 1830. C'est douloureux. Le vaste territoire est alors sous la domination mexicaine dont l'armée maltraite tout à la fois les colonies des protestants anglophones et les villages indiens qui bordent les rivières.

L'ambiance est donc à la guerre, mais pas si franchement que ça car une longue partie du roman est consacrée à la fuite à travers forêts, bois, plaines ...et rencontres, toute une atmosphère bien plantée par l'auteur. Les personnages que ce soit Hugh et Son, les fugitifs, ou bien toutes les rencontres qu'ils font, indiens, brigands, chasseurs de primes, voleurs de chevaux sont bien pittoresques. C'est du western. On passe du vent des plaines à l'odeur des écuries, du sentiment amoureux à la débauche du jeu et de l'alcool.

Le salut des fugitifs se trouve dans cette armée bigarrée en cours de construction sous le commandement de Sam Houston et chargée de ne pas laisser le Texas aux mains des mexicains mais d'en faire une république indépendante.

Une lecture sympathique à la fois pour l'ambiance et pour l'Histoire même s'il ne s'agit certainement pas du meilleur James Lee Burke.

17 avril 2023

Lola Lafon : "Quand tu écouteras cette chanson"

Lola LAFON : "Quand tu écouteras cette chanson"

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Le nom de la collection est "Ma nuit au musée" et on comprend tout de suite de quoi il s'agit. S'inscrivant dans cette collection, Lola Lafon choisit de passer une nuit dans la maison d'Anne Frank à Amsterdam. Dans la maison, que dis-je ? Dans les trois pièces de l'Annexe où, avec sa famille et 4 autres personnes, elle passa 2 années, cachée, terrée, confinée. Mais pour Lola Lafon c'est l’endroit où elle a rédigé son journal. LE journal d'Anne Frank.

Rappelant le contexte qui présida à l'écriture du célèbre journal, l'autrice se livre à une bouleversante introspection, à la fois personnelle et familiale.

Au-delà de la (courte) vie d'Anne Frank, c'est la qualité littéraire de la jeune fille qu'elle cherche. Les pages du journal révèlent outre une adolescente en construction, une jeune fille mûre et perspicace, consciente de la vie qu'elle mène.

Les lieux gardent l'empreinte. Et la chambre d'Anne ne fait pas exception. Bien plus qu'une simple chambre vide avec des photos jaunies collées au mur, cette chambre recèle quelque chose d'universel qui va profondément toucher l'autrice.

Lire ce petit opus permet de se remémorer Anne Frank et d'en (re)découvrir certaines facettes , de faire le lien avec toutes les vies d'exilés, de pourchassés, de bannis, et de développer le thème de l'adolescence vécue dans les sociétés dictatoriales.

A lire en une nuit ou bien à savourer tranquillement.

2 octobre 2018

Jean Echenoz : "Je m'en vais"

Jean ECHENOZ : "Je m'en vais"

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Quel bon bouquin encore ! Du grand Echenoz, comme on l'aime: exigeant avec la langue, rigoureux avec la trame, désopilant avec les situations ...

Ce roman a reçu le prix Goncourt en son temps, ce qui, en soit, ne signifie pas grand chose car cela dépend de la première sélection du comité cette année là.

Ici on est dans la veine de Cherokee en moins déjanté. Mais l'insignifiance est poussée à l'extrême : les personnages, notamment Ferrer le marchand d'art dépressif magnifique, l'intrigue invraisemblable dans le milieux du marché de l'art contemporain et les événements qui se succèdent toujours à la limite de l'absurde, mêlant intrigue criminelle et petits faits du quotidien.

Mais tout le charme réside dans le talent de l'auteur pour utiliser son génie de l'écriture au service d'une si petite histoire. On peut s'ennuyer ferme à la lecture de ce roman, si l'humour, la dérision, la critique du milieu de la création plastique contemporaine cachés dans le texte n'apparaissent pas au premier coup d'oeuil. Mais qui se laisse emporter par cette prose se délecte de ce conte noir et drôle, déprimant et vigoureux à la fois. Un état d'esprit, quoi.

23 septembre 2017

Marie Le Gall : "Au bord des grèves"

Marie LE GALL : "Au bord des grèves"

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Les grèves, ce sont quelques galets que a mer découvre à marée basse en Bretagne, sur une presqu'île du Finistère. Elles peuvent servir à déposer le sac et la serviette pour s'adonner aux bains de mer. Elles sont aussi le lieu d'échouage, de navires, mais de biens d'autres choses aussi.

Léna a la cinquantaine. Et apparemment ce passage semble un cap pour beaucoup de femmes (voir mes lectures précédentes) qui ont laissé les illusions et les espoirs dans le passé.

Pour Léna, ici, il s'agira de rencontres, qui a un moment percutent la vie et permettent d'éviter le naufrage.

Le roman est divisé en trois parties, dont la deuxième n'est qu'un interlude entre les deux autres. Dans la première on rencontre Ben, dans la troisième Maria. Ben un jeune américain, bricoleur, rénovateur de vielles demeures, séduisant que Léna aimera. Mais cette rencontre amoureuse suffira t-elle pour combler le vide de l'âme de Léna ?

Et puis Maria, atteinte d'une maladie dont l'issue fatale est proche, et qui permettra à Léna de relativiser, mais qui laisse, par son côté éphémère, un goût amer dans cette amitié sincère qui se construisait.

Bien écrit, certes, ce roman manque quand même de corps, tant il va chercher dans l'introspection. Le registre est un peu triste, un peu gris (d'ailleurs l'illustration de couverture donne le ton) et le tout n'emporte pas vraiment le lecteur, si ce n'est la description attachante de la Bretagne, de ses maisons, des sentiers de bords de mer ...

 

29 août 2023

Jorge Luis Borgès : "Fictions"

Jorge Luis BORGES : "Fictions"

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C'est foisonnant ! C'est déconcertant ! C'est  riche d'imagination, de débordements, de situations et de styles. 17 nouvelles exigeantes à la lecture et qui cherchent toutes à nous faire perdre les répères. On glisse, on dérape, on décolle, on tente de s'accrocher aux bribes d'une réalité palpable ... mais en vain. L'auteur et le texte sont plus forts que nous.

La première partie nous plonge brutalement dans cet univers. Complétement déphasé, je ne l'ai probablement pas apprécié à sa juste valeur.La seconde partie m'a parue plus abordable, à la fois dans les thèmes proposés et dans le style utilisé.

Beaucoup de réfléxions en peu de pages, c'est quand même impressionnant : la vie est omniprésente, la culture, les drames humains, l'ordonnacement mathématique des choses, le temps, Dieu, la mémoire ...

C'est parfois difficile, il faut s'accrocher, mais on est au passage récompenser par une pointe d'humour dans l'inventivité de l'utilisation d'adjectifs inattendus, voire surprenants.

Un avis mitigé pour ce recueil que beaucoup classent dans les chefs-d'eouvres. En fait c'est plus un inclassable de la littérature, une sorte de point zéro qui va influencer nombre de littérateurs contemporains.

 

 

29 octobre 2023

Tracy Chevalier : "Le récital des anges"

Tracy CHEVALIER : "Le récital des anges"

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Chroniques familiales et sociales au temps d’Édouard VII, ce roman choral aborde avec brio une myriade de sentiments et de point de vue. Nous sommes à Londres, en cette année 1901 du jour de la mort de la Reine Victoria jusqu'à 10 ans plus tard celle de son successeur.

On entre dans l'intimité de deux familles voisines, à travers principalement les jeunes filles, Maude et Livinia. On est ici dans la société bourgeoise que l'on voit dans le film "Mary Poppins" de Walt Disney. Et c'est tout un monde qui se révèle et la vie domestique n'échappe pas au remue-ménage sociologique de cette époque charnière. Et notamment la place de la femme dans la société, l'éducation, la libération des mœurs, le rapport à la mort.

Car dans ce roman, le cimetière tient un rôle central, ce n'est pas un simple lieu de recueillement, mais également un espace de jeu, de réflexion, d'aventures amicales, voire amoureuses.

Le ton général est assez mélancolique, mais la narration alternée permet de relever la lecture, comme un condiment épicé qui vient surprendre le lecteur dans sa dégustation. Le tout est très cohérent, très bien écrit et profond sans être pédant.

Bref une excellente lecture à tout point de vue.

 

 

18 novembre 2023

Lionel Destremau : "Gueules d'ombre"

Lionel DESTREMAU : "Gueules d'ombre"

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Voici un polar acheté lors du salon "Noir Dissay" de septembre 2023. Un vrai polar noir, une enquête policière pas comme les autres. a la fin de la guerre, il s'agit de retrouver l'identité d'un ancien combattant actuellement dans le coma. Siriem Plant, l'ancien flic et soldat revenu indemne du front, va s'y atteler.

Quasiment sans indices de départ, il est contraint de retracer la vie des soldats dans cette guerre sans merci, dans cette guerre où le salut passe par les abris de fortune, dans la terre, sous la terre, et qui donnent à ces malheureux des gueules d'ombre.

C'est tout une société que l'on découvre alors, à travers les mémoires défaillantes ou déformées. Une société fracturée par l'épreuve d'une guerre dans tout ce qu'elle a d'horrible et d'inhumain. Ces hommes du front décervelés, ces femmes de l'arrière anéanties, les mutilés, les mutiques, les désabusés, toute une panoplie qui compose cette société dans la banalité de la guerre.

L'auteur nous livre, dans une narration parfaitement maîtrisée, des indices qui distillent une puissance de l'angoisse, de la peur, de l'effroi. Et puis, peu à peu on comprend la vie de cet homme mystérieux. L'enquête devient alors un prétexte pour nous conduire dans les profondes arcanes de l'âme humaine. Se jouant des genres, on est à la fois dans un polar, un roman noir, un récit de guerre, un roman social, une œuvre humaine.

 

28 novembre 2023

Joyce Carol Oates : "Le petit paradis"

Joyce Carol OATES : "Le petit paradis"

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Partant d'une dystopie, nous voilà atterrir dans le voyage dans le passé, à travers la vie d'une lycéenne de 17 ans, très bon élève, mais qui a le tort d'un peu trop réfléchir et de poser des questions.

Dans un monde où il ne faut pas se faire remarquer, où on décide pour vous, où l'organisation de la vie de chacun est régie et par des règles strictes et surveillées en permanence. Nous sommes dans un état totalitaire construit par agrégation des Etats d'Amérique du Nord après les attentats terroristes de 2001.

La jeune Adriane va faire preuve d'un peu d'esprit critique à l'occasion de la remise des diplômes de fin de lycée, et la voilà condamnée. Elle doit purger une peine de 4 ans dans "le petit paradis" qu'est une université du nord du Winsconsin en 1959.

De la dystopie au voyage dans le temps, nous avons là les ingrédients pour un grand roman, et comme nous connaissons le talent de l'autrice pour creuser profondément et dévoiler finement les caractères et les situations, tout est réuni pour un grand moment de lecture.

Toutefois, si la partie dystopique est précise et génère de l'effroi (et suscite la réflexion sur la société actuelle), la partie du retour 80 ans en arrière paraît plus confuse. Si les questions relatives à la condition féminine irriguent l'ensemble du récit, les développements généraux se concentrent sur la psychologie "behavioriste" et le conditionnement des comportements. C'est un petit bémol quand même, car on aurait attendu un peu plus de romanesque dans la situation d'une fille de 2039 soudainement transportée en 1959.

Toutefois, sans être un roman exceptionnel de l'autrice, c'est une bonne lecture.

 

 

21 décembre 2023

Emile Zola : "Nana"

Emile ZOLA : "Nana"

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Voilà un grand roman s'il en est ! Dans le Paris du Second-Empire, avec sa société fracturée entre la misère des laborieux et la richesse des oisifs. Et Nana, elle sait d'où elle vient, elle la fille de Gervaise et de Coupeau. Et elle sait où elle veut aller.

Mettant à profit ses charmes, elle fera payer. Elle les fera payer. Tous !

Zola en profite pour nous peindre en 14 tableaux, toute cette société : le théâtre, les diners, les bordels, les banquets, les hôtels particuliers, les domestiques, les courtisans, les courses de chevaux, le sexe ...

Bien entendu, connaissant l'auteur on voit bien où il veut en venir, et la fin est prévisible, mais la finesse du récit est captivante. Malgré quelques longueurs parfois (et même souvent probablement) et une foison de personnages (à s'y perdre au début), on se retrouve dans des situations romanesques qui mêlent la description fine à la caricature, le réalisme froid au burlesque.

Et Nana dans tout ça ? Comment elle prend la vie comme elle vient !

Un grand roman du XIXème siècle certainement. Un indispensable dans la découverte de Zola.

 

2 septembre 2022

Joyce Carol Oates : "Poursuite"

Joyce Carol OATES : "Poursuite"

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La jeune Abby se marie et dès le lendemain de son mariage, elle se fait percuter violemment par le bus qui la conduit à son travail.  Acte délibéré, ou accident dû à l'inattention ?

Que se passe t-il dans la tête d'Abby ?

Les souvenirs qu'elle a longtemps refoulés vont remonter, et c'est toute l'histoire familiale qui va se dévoiler. Partant d'un cauchemar récurrent, la jeune Abby va peu à peu voir revenir les images de sa mère, de son père, de leur relation. De la violence aussi. De celle du père qui manipulera la petite pour pouvoir torturer sa femme ...

Avec son sens aigu du détail et de la précision, Joyce Carol Oates, nous livre une dissection en règle du mécanisme et du processus de la perversité conjugale, de la jalousie maladive, du harcèlement permanent. C'est cru, le fonds est terrible.

A la lecture on en arrive à se demander qui est le coupable ? Le mari manipulateur ou l'enfant manipulée ?

Un excellent roman, court et vif, comme un coup de poing dans le visage. On en sort tuméfié.

 

15 décembre 2022

Marguerite Duras : "Le ravissement de Lol V. Stein"

Marguerite DURAS : "Le ravissement de Lol V. Stein"

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La qualité de l'écriture ne fait pas tout. Et pourtant pour qui aime les belles phrases, ce roman est un régal. Pour qui aime les belles histoires c'est plus compliqué. Le contenu vient à manquer dans une enveloppe léchée, une belle texture qui cherche à cacher l'indigence du fond.

Cette histoire de Lol V. Stein, de son bal quand elle était jeune, de cet amour qui n'est pas né et de ses conséquences, ne m'a pas touché. Aucune émotion n"est venue ponctuer cette lecture. Dommage.

Une expérience ratée, donc, une expérience qui nécessite probablement un effort que je n'ai su fournir. On a l'impression d'un fouillis, de descriptions intérieures stériles, de dialogues inachevés, d'un tourbillon de narrateurs ... tout ça pour essayer de panser cette plaie d'un amour naissant parti avec une autre lors de ce fameux bal. Pauvre Lol dont l'âme paraît aussi vide que le récit lui-même.

 

 

26 février 2024

Marie-Paule Ospital : "Croix de sang sur Hendaye"

Marie-Paule OSPITAL : "Croix de sang surt Hendaye"

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Sur le parvis de l'église d'Hendaye, il y a une croix en pierre, dont le socle cubique est gravé sur chacune des 4 faces de signes qui peuvent facilement lasser l'imaginaire ésotérique faire son œuvre.

C'est sur ce postulat que débute ce roman, puisque l'on assiste à l'assassinat d'un homme qui sera ensuite pendu tête en bas puis lacéré de triangles sur le corps. Il est certain qu'une telle mise en scène écarte d'emblée le tueur de passage, le larron qui a saisi l'occasion.

Il existe donc un lien entre les symboles et le meurtre en question.

Les flics du commissariat d'Hendaye, dont un officier tout juste arrivé de Bordeaux, vont tenter de découvrir le fil qui explique ce geste. D'autant qu'un second meurtre commis à Ciboure  peut facilement être rapproché du premier ...

Tout en situant son action au pays basque, l'autrice ne nous emmène pas sur la voie des mystères plurimillénaires de la culture basque. Et c'est tant mieux, car cela nous évite les poncifs (même s'il en reste un peu, comme il se doit pour un polar dit régional) et nous entraîne sur une piste bien plus originale.

Sans être un polar haletant, on se laisse entrainé dans cette enquête, par le truchement de cette sympathique équipe d'enquêteurs et par les lieux de l'action.

17 janvier 2023

Julie Otsuka : "La ligne de nage"

Julie OTSUKA : "La ligne de nage"

ligne de nage

Quel bon roman ! Même s’il s'agit évoquer intimement la perte de sa mère, victime de la perte progressive de la mémoire. Pour y arriver l'auteure nous présente une activité du quotidien d'Alice : aller nager à la piscine. Là, entre les différentes lignes de nage, se présentent différents types de nageurs, comme une exploration d'une micro société, unie par la ligne d'eau tracée au fond.

Un jour cette ligne se fissure. On comprend alors l’allégorie.

Après les angoisses collectives, puis finalement individuelles, on se retrouve en tête à tête avec Alice et sa fille. On passe peu à peu du nous au tu. La perte est irréversible. La fissure symbolique ne sera plus jamais comblée.

Du point de vue de l'écriture, il est certain que l'on s'écarte des sentiers rebattus (c'était déjà le cas des deux premiers romans de l'auteure, notamment de "Certaines n'avaient  jamais vu la mer") et les deux premiers chapitres sont d'une qualité exceptionnelle ! Ensuite, dans les deux suivants le rythme du départ baisse un peu. Le texte devient plus intime et alors c'est plus compliqué pour accrocher le lecteur.

Toutefois, c'est un coup de cœur qui mérite largement d'être lu, y compris par ceux qui ne pratiquent jamais d'activité aquatique en piscine. Un beau roman sur la perte progressive d'un proche.

21 juin 2019

Jean Giono : "Regain"

Jean GIONO : "Regain"

regain

L'écriture de Giono, quelle merveille ! C'est toute la Provence qui transpire à travers la poésie du texte. Regain, c'est une sorte de fable, une ôde à la vie et à l'amour, un chant de l'espoir retrouvé alors que tout était perdu.

Et perdus ils le sont Panturle et Arsule, chacun de son côté. Panturle est le dernier habitant d'un village perché, que par on ne sait quelle magie, qu'on découvrira plus tard, vient à traverser un rémouleur et Arsule sa compagne. Sa bête de somme serait plus approprié.

Aucun espoir dans ces destins. Mais la rencontre va tout changer ...

C'est dans des paysages peints avec précision, par le marcheur, l'arpenteur de ce territoire, que va se nouer cette histoire, ce conte à la fois émouvant et empreint de drôlerie. Il se met en scène au moment de l'exode rural, au moment où les progrès agricoles se développent, au moment où la société est en train de changer.

Toute une époque, toute une ambiance. Mais au delà du contexte, c'est la beauté de l'âme humaine qui est ici mise en avant, et plus que le soleil d'août écrasant la campagne, ça réchauffe nos coeurs en nous rappelant où se trouve l'essentiel. 

Un coup de coeur.

Regain, film

(image extraite du film de Marcel Pagnol)

19 octobre 2021

Jean Giono : "Un roi sans divertissement"

Jean GIONO : "Un roi sans divertissement"

un-roi-sans-divertissement-Jean-Giono

Ah ! Comme ce roman commençait bien ! Transporté complet dans l'univers gelè de cette vallée alpine, alors que des cadavres d’habitants jalonnent la forêt. S'ensuit une chasse à l'homme puis une chasse au loup. Une chasse au roi en quelque sorte. Une chasse au mal.

Construit à partir de pensées de différents personnages et à différentes époques, on sombre peu à peu dans un récit mélancolique, comme une suite de faits des principaux habitants du village et notamment de celui qui, parti après la résolution des affaires, revient s'installer : Langlois.

Alors, évidemment on est ravi de l'écriture et du style de l'auteur, au service d'un écheveau complexe de narrations. qui s'apparente à "Les âmes fortes". On est loin ici du Giono de la Provence et du soleil. On a affaire à un Giono probablement désabusé, désenchanté et qui cherche à montrer la froideur, la noirceur de chacun d'entre nous comme ces arbres tristes de la forêt en hiver.

Bref, un sentiment mitigé à cette lecture.

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